Les «bébés noirs» sont-ils derrière l’assassinat crapuleux, dans la nuit du 13 juin dernier à Brazzaville, d’Anne Félicité Massamba-Débat, une des filles de l’ancien président (1963-1968) Alphonse Massamba-Débat? L’hypothèse est à prendre au sérieux. Mais elle n’est pas la seule.

La fille d’Alphonse Massamba-Débat (NDLR: sans sépulture depuis son assassinat en 1977) a été retrouvée morte par sa cadette avec qui elle vivait à Bacongo, dans les environs du marché Total, l’impasse de la CAPPED. À son retour de sortie cette nuit-là, elle a trouvé vers 21h30 le corps d’Anne-Félicité gisant dans une flaque de sang. La sœur cadette a expliqué que le portail du domicile familial était ouvert alors qu’on sortant, elle l’avait fermé. Elle trouvé sa sœur aînée «couchée par terre avec une blessure au cou et du sang partout».
Qui a commandité son assassinat et pourquoi? Gros comme un ballon est le point d’interrogation. Connaîtra-t-on un jour la vérité ?
Sur place dès le lendemain, le procureur de la République André Gakala Oko, n’a pas pris des gants pour exprimer son horreur et évoqué un «règlement de comptes». On ne sait pas les éléments sur lesquels il se fondait. Il est cité par Congo Media Time : «C’est un crime crapuleux, c’est comme une vengeance». Le magistrat est certainement sur une piste. Si on l’en croit, donc, les indices ne manquent pas pour étayer cette accusation. Dans tous les cas, une enquête a été ouverte.
Les Congolais ont de plus en plus peur et s’interrogent sur ce qui se passe dans la ville. Une chronologie des récents braquages et assassinats perpétrés par des marchands de la mort leur fait dire qu’il y a quelque chose qui cloche. Les opposants, eux, voient dans l’assassinat de la fille de l’ancien président Alphonse Massamba-Débat et les nombreux cas d’agression signalés dans plusieurs quartiers de Brazzaville, ”la preuve de l’incapacité des autorités à maîtriser le terrain sécuritaire, malgré le déploiement d’un arsenal sécuritaire peu indifférent censé rassurer et protéger”. Face à cette insécurité grandissante dans la capitale congolaise, le président de la République avait promis dans un de ses messages à la Nation et à la Force publique une lutte farouche contre le grand banditisme, ainsi que le racket. Mais les bandits armés et les tueurs ne semblent pas l’avoir entendu.
Il est plus que temps pour les pouvoirs publics de prendre des mesures fortes qui se doivent pour contrer le grand banditisme et le trafic des stupéfiants, phénomènes qui commencent à trop durer.

Jean ZENGABIO