En Afrique et notamment au Congo, la question de paiement de la taxe sur les droits d’auteur, et sur le paiement des droits aux bénéficiaires reste un casse-tête chinois depuis des années. Pour en savoir un peu plus, nous avons approché Herman Bangui Bayo, journaliste-écrivain et expert en Rumba congolaise.
*Que dites-vous sur le paiement des droits d’auteur ?
**Je tiens d’abord à suggérer au Bureau congolais du droit d’auteur (BCDA) d’organiser régulièrement des formations au profit des personnels ; nouer des partenariats avec des organisations soeurs pour un échange d’expériences, mais également d’inciter les utilisateurs d’oeuvres phonographiques et notamment les médias audiovisuels (radios, télévisions…), radios matanga et autres de payer sans relâche la taxe y relative.

*Que faut-il faire d’autre?
**Il faut encadrer les droits d’auteur de ceux qui sont encore en vie. Ils peuvent en vivre. Ceux qui sont morts, leurs ayants-droits doivent continuer à les percevoir. Et les artistes disparus peuvent-être décorés à titre posthume, étant donné qu’ils se sont employés pour que cette musique congolaise devienne un patrimoine mondial. Il faut honorer ceux qui sont morts, les décorer, donner des noms de rues pour certains pour qu’on puisse se souvenir, et même donner des diplômes d’honneur à leurs familles pour les honorer.

*Comment sont payés les droits d’auteur de nos artistes?
**Nous ne savons comment cela se passe. En plus, nos chaînes de radios et de télévisions jouent à longueur de journée les chansons des musiciens et ne payent pas les droits d’auteur. Les musiciens sont dans un dénuement total, ils vivent difficilement et nombreux sont morts. C’est un problème qui relève de l’autorité de l’Etat, de réorganiser le secteur et de protéger les droits des musiciens.

*Seriez-vous favorables au retour de nos musiciens à la SABAM, à la SACEM, etc.?
**Je crois que la proximité joue aussi un grand rôle. Nos musiques sont plus joués localement qu’à l’étranger. Je suis spécialiste dans le domaine, mais je sais que quelqu’un peut-être affilié à la SACEM et à d’autres structures, cela ne pose pas de problèmes. Il est question de définir que mes oeuvres en Europe sont gérées par la SACEM ou par la Sabam, et en Afrique de l’Ouest par BURIDA. Dans les deux Congo, nous avons deux sociétés soeurs, elles peuvent gérer cela, donc cela ne pose aucun problème, ce n’est pas antinomique ou incompatible. Il faut simplement chercher les meilleurs moyens pouvant protéger les droits d’auteur de nos musiciens.

Entretien réalisé par
odile ObOU