L’Association Avenir Nepad Congo, par son coordonnateur Etanislas Ngodi, a mené du 11 au 31 juillet 2020 une campagne de vulgarisation du Protocole de Maputo, à son siège à Brazzaville. Celle-ci a eu pour objet de célébrer l’an 17 de cet instrument juridique international signé et ratifié par le Congo.
Dix-sept ans après son entrée en vigueur, le Protocole de Maputo semble méconnu non seulement de la population féminine (les filles surtout) mais également de certains professionnels du droit (avocats, magistrats, etc.). Le Congo a signé ce Protocole en 2004 et l’a ratifié en 2007.
Le 11 juillet 2003, lors du second sommet de l’Union africaine (UA) à Maputo au Mozambique, 53 États membres de cette organisation avaient adopté, en complément de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples entrée en vigueur en 1986, un Protocole relatif aux droits des femmes en Afrique, appelé également «Protocole de Maputo». Instrument régional pour la protection des droits fondamentaux des femmes, il est le fruit des efforts déployés par un grand nombre d’ONG. Ce Protocole est considéré comme le premier instrument législatif visant à protéger explicitement la femme africaine de toutes les formes de discrimination. Ses 31 articles sont une série de dispositions protégeant les droits spécifiques des femmes et des filles en Afrique, en tenant compte de l’environnement socioculturel.
Le Protocole condamne et interdit les mutilations génitales féminines et proclame le droit à l’autodétermination sexuelle. Il renforce les droits des femmes dans le mariage et reconnaît aux femmes et aux hommes des droits égaux de posséder et d’acquérir des biens.
A travers la campagne réalisée, l’Association Avenir Nepad Congo entend mettre en orbite les questions fondamentales des droits de la femme surtout en cette période de crise mondiale marquée par le Coronavirus et le recul de leurs droits dans les faits comme dans les préoccupations politiques et sociales. Il est constaté une recrudescence des violences sexo-spécifiques particulièrement contre les femmes et les filles.
Cette campagne arrive à point nommé car elle a permis à la population féminine de s’approprier ce texte, pour mieux défendre ses droits. Elle a également rappelé à l’Etat congolais d’honorer ses engagements en renforçant l’arsenal juridique qui protège la femme dans notre pays, selon l’esprit du Protocole signé et ratifié par le Congo. La vision de l’association Avenir Nepad Congo est d’amener l’Etat congolais à conformer sa législation nationale relative aux droits de la femme à l’esprit du Protocole de Maputo, suivant le principe de la hiérarchie des normes. En d’autres termes, les pouvoirs publics doivent tout mettre en œuvre pour abroger toutes les dispositions de la législation nationale contraires à l’esprit du Protocole.
Alain-Patrick MASSAMBA