Les organisations de la société civile de la CEMAC (Communauté des Etats de l’Afrique centrale) et de la CEEAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) veulent s’impliquer davantage dans le suivi de la dette publique de leurs Etats respectifs. D’où l’atelier de renforcement des connaissances organisé par la plateforme dette et développement (PF2D) Congo, du 8 au 9 novembre 2023 à Brazzaville.

L’atelier a regroupé les représentants de la plateforme dette et développement (PF2D) Congo (Brazzaville, Pointe-Noire, Niari, Bouenza, Cuvette et Sangha), des délégués de l’Intersyndicale nationale du Congo (INC) de la RDC et de la Plateforme d’information et d’action sur la dette (PFIAD) du Cameroun.
L’animation a été assurée par Broulaye Bagayoko, secrétaire permanent du réseau du Comité pour l’abolition des dettes illégales (CADTM), composé de 16 pays en Afrique, pour partager l’expérience de son pays d’origine le Mali. Les travaux ont été ouverts et clôturés par Samuel Nsikabaka, coordonnateur de la Plateforme dette et développement (PF2D) Congo. L’atelier a permis aux membres de la société civile d’augmenter leur niveau d’information sur la dette et leurs capacités d’analyse, d’influence, de veille et de plaidoyer.
Les participants ont échangé et partagé des expériences sur les questions d’endettement et sur les missions de la CEMAC et la CEEAC. A la fin des travaux, une déclaration dite de Brazzaville a été adoptée. Celle-ci a fait ressortir que les membres de la société civile travaillant sur les questions de la dette et du développement, ont retenu que le rapport sur la dette 2022 du Congo produit par la caisse congolaise d’amortissement (CCA) et le décret 2008-56 du 31 mars 2008, portant création, attribution et fonctionnement du comité national de la dette publique, présentent quelques préoccupations suscitant les inquiétudes des participants.
Les inquiétudes portent essentiellement sur les vulnérabilités qui subsistent sur la viabilité de la dette, la prédominance du ratio de la dette intérieure sur le PIB et la prédominance de la dette intérieure sur la dette extérieure. S’agissant du décret, les participants ont constaté que la société civile n’y est pas impliquée au moment où les effets de l’endettement sur le développement de ces pays n’améliorent pas significativement les conditions de vie des populations.
Clôturant les travaux, Samuel Nsikabaka a souligné: «Nous avons identifié des faiblesses dans la collecte de nos informations pour suivre de manière rationnelle la dette de notre pays et son évolution. C’est un moment déclencheur pour le plaidoyer».
Broulaye Bagayoko a déclaré: «Nous constatons que la dette constitue un problème sérieux dans tous les pays africains et particulièrement dans la zone CEMAC où tous les Etats sont au-delà des critères de convergence de la communauté. La dette des Etats ne devrait pas dépasser 70 % de leur PIB. Le déficit budgétaire ne doit pas dépasser 1,5 %. Aujourd’hui, nous pensons que ces seuils, tels que fixés, doivent être revus à la baisse».

Philippe BANZ