Il n’y a pas de doute que certains veulent entrer dans l’Histoire avec une petite mention en bas d’une carte de visite. L’opération DDR (Démobilisation, désarmement, Réinsertion) prévue vendredi dernier à Kinkala, a été renvoyée à plus tard. Les miliciens du Pasteur Ntoumi, les ninjas nsiloulous, sous l’inspiration de leur gourou, n’ont pu signer. Celui-ci a argué du fait qu’il n’y avait pas été convié en personne, et que son statut personnel n’avait pas été tranché au préalable.
Ridicule? Non : pathétique ! Il ne s‘agit pas ici de pièce de théâtre ni du destin romancé de personnages imaginaires. Il s’agit du sort d’un département et d’un pays qu’il prétend servir mais qu’il prend en otage par caprice personnel. Ntoumi veut passer de faiseur de guerre, à fabriquant de paix, à ses conditions. Il veut gagner sa place sur la photo de l’histoire et se donner le bon rôle. A ses pieds, le Pool n’a plus un seul village qui tienne debout, aucune gare ferroviaire intacte : il impute cela à Denis Sassou-Nguesso.
Il y a des crédules pour le suivre. Et pour construire avec lui un discours de victimisation qui n’ouvre les yeux que par intermittence, sur ce qu’on veut. Tout en laissant de côté, sous le manteau de l’innocence immaculée, le bon pasteur Ntoumi, homme de Dieu, et donc homme de paix. Il y a ceux qui y perdront la vie. Quelque 400.000 habitants du Pool se remettent à peine des traumatismes terribles d’une guerre de dix ans, insensée, dévastatrice. Mais le pasteur promène sur eux sa menace d’innocence : mon statut ou le feu !
Je croyais que l’on pouvait guérir de la guerre. Apparemment, pour le cas du Pool, ceux qui doivent guérir ne sont pas les victimes, mais les auteurs. «Mon statut, en échange de la paix !». Ce n’est pas du chantage, mais l’acte irraisonné de qui trouve plus d’avantages à faire la guerre qu’à garantir la paix.

Albert  S. MIANZOUKOUTA