Un projet, pour déstabiliser le football africain, serait en gestation. Plusieurs journaux l’ont affirmé, semant le doute ces derniers jours. Au cœur de la polémique, le report possible de la CAN-Cameroun 2021 prévue en janvier prochain. Il y a eu, d’abord, les tentatives effectuées par certains clubs européens, par le truchement de l’ECA (Association des clubs européens), qui ont adressé une lettre à la CAF (Confédération africaine de football), contestant l’absence d’un protocole médical pour la CAN, et menaçant de bloquer les joueurs africains exerçant en Europe pour les empêcher de prendre part à la CAN.
A travers un communiqué conjoint publié sur le site officiel de la CAF, l’instance dirigeante du football africain a en effet mis à disposition un protocole sanitaire spécial anti COVID applicable à la CAN, élaboré par le Gouvernement du Cameroun. «Des mesures efficaces et fiables dans le cadre d’un système de riposte cohérent et déjà éprouvé». Par ailleurs, dans un souci d’objectivité et de neutralité et en vue de garantir les mesures de confiance de part et d’autre, la CAF va «faire appel à un laboratoire indépendant internationalement reconnu pour tester les joueurs des équipes nationales qualifiées et leur encadrement.»
En réalité, la pandémie de COVID-19 n’est qu’un prétexte. Pour certains clubs qui devraient libérer des joueurs, le chevauchement avec les dates de la CAN 2022 (avec les sélections pouvant appeler leurs joueurs à partir du 27 décembre) est ingérable. C’est un vieux combat qu’ils ont toujours mené, depuis l’ère Issa Hayatou. Ils n’ont cessé de militer pour une CAN en juin-juillet, mais se sont heurtés au refus catégorique du Camerounais. Il a fallu l’arrivée du Malgache Ahmad Ahmad pour que la CAN ait enfin lieu en juin (celle de 2019 en Egypte), à la demande du pays hôte pour des raisons climatiques. Mais pour la CAN 2021, la CAF est revenue sur sa périodicité initiale.

La ‘’bombe’’ Infantino
Mais Gianni Infantino s’en est mêlé à son tour. Le président de la FIFA a fait une annonce surprenante sur le futur de la CAN, lundi 20 décembre à Doha. Il est porteur du projet d’une Coupe du monde biennale, qui serait davantage compatible avec le passage à une CAN tous les quatre ans. Le souhait de reporter l’édition à venir s’inscrit dans ce contexte : on passerait d’une 32e édition jouée en 2019 en Egypte à une 33e en 2023, si toutefois le calendrier le permet. En novembre dernier, la CAF s’était déclarée, malheureusement, «favorable au projet, sans chercher à avoir la moindre explication», s’inquiétait déjà un confrère, Gérard Dreyfus.
Pour la plupart des commentateurs, c’est clair comme de l’eau de roche: il y a un lobbying très fort pour «tuer» la Coupe d’Afrique des Nations. Cela ne passe pas devant l’opinion africaine qui demande à la CAF de ne pas céder aux pressions, d’où qu’elles viennent. Pour le Continent, la compétition reine du berceau de l’humanité doit avoir lieu au Cameroun à partir du 9 janvier prochain!

Jean ZENGABIO