«Si la littérature constitue un moyen pour connaître la vie, c’est au fond parce qu’elle n’est finalement rien d’autre que la vie elle-même». Ces mots de Marcel Proust dans ‘’À la recherche du temps perdu’’ sont le prisme à travers lequel on peut comprendre ce roman, le tout premier de Florent Armel Malembi. Quand l’auteur m’a abordé pour me présenter son manuscrit, j’ai pensé à l’immédiat à un essai philosophique ou théologique, puisque le connaissant comme docteur es philosophie et maîtrisard en théologie. C’est donc avec un agréable étonnement que je me suis retrouvé devant un roman. Émerveillé à l’instant, ma curiosité ne m’a pas trahi car la lecture suave, édifiante et relaxante de cette œuvre à effet de fiction m’a permis d’avoir de l’incipit à la chute du récit, un nouveau regard sur la société, une compassion renouvelée à l’égard des marginaux (les orphelins, les sans-abris, les femmes, etc.).

Ce roman d’initiation (ou de formation), dont l’héroïne est une femme qui est à la fois la narratrice, est écrit sous forme de nouvelles un tantinet proches du style de l’écrivain congolais Tchichelle Tchivela, avec son jeu d’imbrication ou d’entrecroisement de récits, sans perdre le fil chronologique de la trame. La particularité ici c’est la titraille atypique de chaque épisode, formulée avec un «Comment» au début, question qui implique une explication de causes à effets. Le chapelet des «Comment» dévoile l’itinéraire de vie de la narratrice qui se raconte à la première personne du singulier. La femme est ainsi valorisée par l’évocation d’une jeune héroïne vivant dans la peau d’une autre femme, son arrière-grand-mère, considérée comme son archétype. C’est le mythe de la réincarnation de l’ancêtre chez l’ascendant, mis en évidence à travers un imaginaire surréaliste. Tchitula, Zala, Kimpa Vita sont autant de personnages révélateurs de la valeur et du prestige de la femme dans la société.
La peinture des caractères des personnages liés par la généalogie dans le roman rapproche celui-ci des romans naturalistes de l’écrivain français Émile Zola. Le langage policé de l’auteur, l’intrigue interpellatrice, non à la manière des sermons ou des intrusions de l’auteur mais sur la base des faits, le suspens bien entretenu d’une expérience à l’autre avec quelques feintes littéraires, tout cela enjolive la trame du roman, révélant la maturité de la plume de l’auteur par ses prémices littéraires, reflet d’un écrit fortement didactique ou pédagogique recommandable à tout âge. Juste un avertissement, ne manquez pas de suivre le périple de l’héroïne jusqu’au bout, pour savourer en mieux l’exquisité de cette nouvelle plume. Ce nouvel ouvrage qui fait entrer son auteur dans le cercle restreint des écrivains congolais, a été publié à Brazzaville aux éditions MCN. A propos de l’auteur, l’Abbé Florent Armel Malembi est prêtre du diocèse de Pointe-Noire et vice-recteur au Grand Séminaire de philosophie Georges Firmin Singha. Il a à son actif plusieurs manuscrits inédits.

Aubin BANZOUZI
Écrivain, critique littéraire
et préfacier du roman