Si le football s’est largement féminisé sur le terrain, il reste néanmoins du chemin à parcourir dans les instances dirigeantes des clubs. Ainsi, il est rare de croiser des femmes présidentes de club d’hommes en Afrique. Pourtant, en République Démocratique du Congo (RDC), une femme, Bestine Kazadi, vient d’être nommée présidente de l’AS V.Club, l’équipe la plus populaire de Kinshasa. Voilà un nom qui gagne à être connu.
Bestine Kazadi a été nommée présidente de l’AS V.Club au grand bonheur des supporters de ce club septuagénaire (crée il y a soixante-quinze ans) de la capitale de RDC. Le site ‘’la voix du football africain’’ nous apprend qu’elle était peu connue dans le milieu du football sinon comme étant la fille d’un ancien président et mécène du club, Pierre Robert Kazadi Tshishishi, décédé il y a trois ans. Elle a reçu une formation d’avocat et est écrivaine, poétesse, conseillère en matière de coopération auprès du président de la RDC, Félix Tshisekedi. Militante active pour la dignité des femmes dans son pays et l’émergence d’un leadership féminin. Depuis des années, elle ne cesse de militer en faveur du rôle clé de la femme dans la société.
Bestine est âgée de 57 ans et ne manque pas d’ambition. Elle place son mandat sous le signe du rassemblement, de l’unité et de la victoire. «Ensemble», a-t-elle déclaré, «on doit faire de V.Club un Barça africain».
Le milieu du football est dominé par les hommes. Il est difficile de le nier. Voir percer Bestine Kazadi est donc une bonne chose, pense-t-on. ‘’Lumière à Kinshasa’’, a par exemple titré Gérard Dreyfus, longtemps responsable du service des sports de Radio France internationale (RFI). La nouvelle n’a pas fait les gros titres de la presse panafricaine, regrette notre vénéré confrère aujourd’hui retraité. «Est-ce parce que c’est une femme ?», s’interroge-t-il.
Mais une femme à la tête d’un club d’hommes en Afrique, ce n’est pas une première. En 1985 déjà, au Cameroun, Panthère de Bangagté s’était donnée comme présidente madame Tapita Ngassam, une assistante sociale qui dirigeait une entreprise de construction. En Europe, le phénomène était à la mode au début des années 2010. L’exemple de Margarita Louis-Dreyfus est bien connu en France. Elle a hérité de l’actionnariat de l’Olympique de Marseille au moment de la mort de son mari, décédé en 2009.
Pour une femme, diriger une équipe d’hommes n’est pas une tâche facile. Bestine Kazadi ne saurait donc laissé indifférent et sa venue à l’AS V.Club de Kinshasa sera suivie avec beaucoup d’intérêt.

Jean ZENGABIO