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GUINEE : Tentative d’évasion de Moussa Dadis Camara

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Moussa Dadis Camara

Aux premières heures de la matinée du samedi 4 octobre dernier, des hommes armés ont fait irruption dans la prison centrale de Conakry, exfiltrant de leurs cellules Moussa Dadis Camara ex-chef de la junte et trois autres codétenus poursuivis pour le massacre du 28 septembre 2009 au stade du 28 septembre à Conakry, la capitale politique du pays.

Mais, pour Moussa Dadis Camara et deux co-prisonniers, la cavale n’aura duré que quelques heures. Par contre le 4e évadé, le colonel Claude Pivi, un autre détenu dans cette affaire, reste introuvable.
Un geste aussi bref, le retour en liberté de l’ancien dictateur, au pouvoir entre 2008 et 2009, n’aura été que de courte durée, «comme si l’ex-chef de la junte (…) avait entrepris de faire une petite promenade de début de week-end hors de sa cellule.», selon un analyste. Et d’ajouter que tout au début de l’événement, il était difficile de savoir s’il s’agissait d’une «tentative d’évasion (…) ou d’un coup d’Etat».
Bref, une évasion «manifestement avortée», finalement «pas si bien préparée», note un observateur, même s’il est difficile à ce stade de savoir ce qui a écourté les opérations: prise de conscience «que l’entreprise était vouée à l’échec» ou victoire des forces de l’ordre.
Même si Moussa Dadis Camara, le colonel Thiegboro Camara et Blaise Gomou sont «de retour à la case prison», l’un des «co évadés» du groupe, le colonel Claude Pivi est toujours porté disparu. Ce qui constitue un danger pour la paix, car «il est mystique, il a une force…», a indiqué un Guinéen. Certaines sources évoquent que c’est le fils de ce colonel qui serait l’auteur de cette évasion.
Parlant du fils du colonel Pivi, un spécialiste de la Guinée estime même que «l’ancien sous-officier radié des effectifs de l’armée a véritablement le profil de l’emploi», lui qui a été chassé des rangs de la grande muette pour avoir participé à un braquage, puis a été dans le viseur de la justice pour, précisément, «avoir planifié une première opération pour sortir son géniteur du cachot.».
L’inquiétude retombe difficilement ; d’autant moins que, insiste le spécialiste, «Claude Pivi est toujours dans le cosmos», «introuvable». Mais, «aussi longtemps que les fugitifs n’auront pas été tous arrêtés, la prudence doit rester de mise.» Dans ce contexte, Guinée 7 constate que les rues étaient particulièrement vides ce week-end à Conakry, avec des tirs d’armes à feu dans plusieurs quartiers.
La prudence serait de mise. «Un excès de prudence d’autant que cette descente musclée sur la plus grande prison de Guinée révèle un système de sécurité lacunaire autour des sites sensibles. Comment des hommes armés ont-ils pu arriver jusqu’à la Maison centrale, située dans l’un des endroits les mieux surveillés de Conakry, (…) presque au milieu de plusieurs postes militaires ?».
Pour ainsi dire, le colonel Mamadi Doumbouya, actuel chef de la junte, ferait bien de «se faire du mouron» au même titre que la population. Car les quatre évadés, ou exfiltrés, de ce week-end, ont un point commun : ils sont «à la fois originaires de la même région et toujours populaires au sein de la troupe.». On peut donc facilement imaginer «des ralliements (…) qui pourraient déboucher sur des revendications» dont, pourquoi pas, le départ du chef des militaires au pouvoir.

Gaule D’AMBERT

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