Un entraîneur emblématique du Kotoko de Mfoa s’est endormi pour l’éternité. C’était le 21 août 2020, à Brazzaville. Agé de 70 ans, ‘’Athos’’, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a été porté en terre le samedi 5 septembre dernier. Retour sur le parcours de celui qui a eu l’insigne honneur de conduire son équipe de la pelote à la division d’élite nationale.
De son vrai nom Anatole Missakidi, ‘’Athos’’ est le prototype du self made man. Joueur amateur, il écourte précocement sa carrière pour se lancer dans l’encadrement des gamins, dans les années 1970. Bien qu’autodidacte, il devient ensuite le coach du Kotoko de Mfoa, club nouvellement créé par des adolescents de Moungali, avec à leur tête Ngandziami ‘’Simonet’’. Ses diplômes d’entraîneur (1er et 2e dégrés), il ne les passera que plus tard, lors des stages FIFA à Brazzaville. C’est à ce mordu du ballon rond qu’on doit les dimensions actuelles des lucarnes au mwana-foot. Il va amener Kotoko de Mfoa du ‘’mwana-foot’’ à la division 1 de la Ligue de Brazzaville en 1978, puis à la division nationale en 1980, avant d’être sacré champion du Congo en 1982. Un véritable couronnement!
‘’Athos’’, un passionné de football, était partisan du beau jeu. Il s’est illustré par son humilité, son savoir-faire, sa rigueur au travail et sa détermination. Il a fabriqué plusieurs footballeurs de talents, tels que Célestin Mouyabi ‘’Shaleur’’, Benoît Milandou ‘’Burquet’’, Matoméné ‘’Guinal’’, Bimbéni ‘’Socratès’’, Mayéla ‘’Potin’’, Ngoma ‘’Rochat’’, Mbemba ‘’Jacquot’’, Nkounkou ‘’Mapro’’, Jules Bintsangou ‘’Lato’’, Maganga ‘’Sivori’’, Placide Milandou, Moukouri ‘’Mangué’’, Jean-Jacques Bianguet ‘’Leao’’, Jean Miakomama, Séraphin-Didier Malonga ‘’Le Français’’, etc.
Encadreur, mais aussi éducateur, ‘’Athos’’ savait trouver des mots justes pour forlancer et faire passer des consignes. Il aura été sur tous les fronts du football avec ses joueurs. A la pelote, il caressait un seul rêve: faire de Kotoko de Mfoa un grand club, au même titre que Diables-Noirs, Etoile du Congo, CARA, et remporter un jour le titre national, ce qui fut fait en 1982.
L’une de ses grandes déceptions, disait-il, c’était la non-participation de son équipe à la Coupe d’Afrique des clubs champions en 1983, pour des raisons que ne connaissent que les dirigeants sportifs nationaux de l’époque.
‘’Athos’’ est issu d’une famille de sportifs: ses cousins Jonas Bagamboula-Mbemba ‘’Tostao’’ et le colonel Louzolo-Mpassi (ex-Etoile du Congo et Inter Club); son oncle feu Boniface Kibiassi, l’ancien gardien du Daring (Imana) de Kinshasa, de Diables-Noirs et de l’équipe nationale à la fin des années 1950 et au début des années 1960; son frère cadet feu Frédéric Moutsémo ‘‘Féro’’, l’ancien excellent gardien du CARA.
Avec sa disparition, Kotoko de Mfoa perd peut-être l’homme le plus important de son histoire, et le Congo un entraîneur ayant réalisé avec son club le parcours le plus merveilleux dont, seul lui-même connaissait le secret. Que son âme repose en paix !

Alain-Patrick
MASSAMBA