C’est un homme multi facettes, un homme de tous les talents que l’on a porté en terre ce lundi. Connu surtout pour son lingala châtié à la radio, puis à la télévision nationale congolaise, Laurent Botséké a touché tous les foyers congolais durant sa carrière. Et de plusieurs manières.

Car derrière le journaliste connu, peu ont décelé un musicien compétent qui a fait ses débuts sur les bancs de la Basilique Sainte-Anne. C’est Emile Oboa, le fondateur de la mythique chorale des Piroguiers, qui le prend sous son aile et lui met les pieds à l’étrier. Pas seulement apprendre les vocalises, mais aussi savoir écrire et lire la musique, exercices aujourd’hui négligés. Ce talent de chanteur, il le développera dans tous secteurs de la vie musicale – et politique ! C’est avec les Piroguiers qu’il se rend en France pour l’enregistrement de l’œuvre majeure de cette chorale, à la Noël 1959. Il était en classe de CM1.
La paroisse Sainte-Anne sera son point de gravitation et de rayonnement. De son entrée dans la police (oui, il fut policier !) à son intégration dans l’orchestre Les Guérilleros, puis au SBB. Deux chansons cultes restent dans les mémoires: «Cimetière ya mabala» et «Mobali yoka muasi». Il s’est également illustré dans des chansons militantes en faveur du PCT, alors parti unique.
Puis s’ouvre la carrière journalistique. D’abord à la faveur d’un stage des communicants des forces armées en Chine (qui sera renforcé plus tard par une immersion de presse en Bulgarie). A son retour, un autre monstre sacré ayant grandi au pied de Sainte-Anne, Henri Pangui qui trônait littéralement à la radio, sent le besoin de prendre sa retraite. Vers qui se tourner ? Laurent Botséké s’offre opportunément et se montre à la hauteur, en présentant des journaux parlés en lingala qui ne laissaient pas les auditeurs indifférents.
L’homme racontait volontiers que sur son chemin, des hommes ont surgi du destin et orienté sa vie: Emile Oboa pour la musique, Guy Menga et Tati Loutard pour la rigueur dans l’écriture, et le linguiste Jean-Marie Adoua de l’Université Marien Ngouabi.
Alors que la presse pleure la mort du journaliste, l’Union des musiciens congolais essaye de faire émerger la contribution importante que Laurent Botséké laisse à la musique. C’est d’ailleurs sur une scène de danse, sur le plateau de «Sous quelques pas de danse» animée avec doigté et tact par notre consœur Mireille-Alice Kiminou, qu’il a fait l’une de ses dernières apparitions publiques. Malade, son cas a ému le couple présidentiel congolais en 2003. Il lui a permis d’aller se soigner en France.
Né le 2 janvier 1946 à Mossaka, Laurent s’en va à 74 ans accomplis.

A.S.
MIANZOUKOUTA