Il faut sauver le patrimoine architectural de nos villes par nécessité d’une connaissance complémentaire de l’histoire de nos pays. On aurait dû continuer à humer l’air des vieux manguiers et bois de fer qui longeaient les rues des centres- villes de nos pays, mais rares sont les vestiges qui nous raconteraient simplement, et peut être par des silences, l’histoire de nos pays.

C’est cet ensemble qui explique, sans doute, en partie les noms évocateurs de nos capitales: Bangui, la Coquette; Brazza, la Verte.
Toutes nos Capitales ont un patrimoine culturel immobilier varié et riche et qui témoigne de leur histoire: style, matériaux…
Le patrimoine architectural multiforme est de plus en plus détruit, voire purement rasé au profit d’immeubles en béton et en verre qui n’ont pas d’histoire. Il y a une nécessité urgente à protéger ce patrimoine dans le sens du développement durable et donc pour les générations futures car avec la dégradation et la disparition de ce patrimoine, c’est une partie de l’histoire du pays qui sera oubliée. En réalité, et c’est notre plaidoyer, le patrimoine architectural de nos capitales et villes est une source de documentation pour la mémoire et l’histoire de nos pays.
Mais pour protéger ce patrimoine, voire l’aimer, il faut le connaître. Or nous ne le connaissons pas ou encore nous le connaissons si mal qu’il est difficile d’avoir des yeux pour souffrir de sa dégradation et de s’engager en faveur de sa protection et de sa restauration. C’est ainsi que ce patrimoine architectural qui fait partie de nos identités disparaît sous nos yeux et avec lui une bonne partie de l’histoire de nos capitales et de nos pays.
Que faire? Que faut-il faire?
Il existe quasiment dans tous nos pays des lois sur le patrimoine. Dans les Constitutions de la plupart de nos pays, on trouve des dispositions relatives à la protection et la sauvegarde du patrimoine, mais qui les
connaît réellement et qui les respectent et les fait respecter? J’ai souvent entendu dire que l’on casse, on rase les vieilles bâtisses pour faire des bâtiments neufs plus modernes. Mais on oublie l’histoire de ces vestiges et surtout le lien avec l’identité nationale. L’éducation au patrimoine dans les cursus scolaires se révèle indispensable si nous voulons, espérons que l’adulte de demain ait une certaine sensibilité pour le patrimoine architectural autour de lui et qu’il sache le protéger. Il ne s’agit pas de protéger pour protéger, mais le faire dans le sens de la contribution à une meilleure connaissance de l’histoire de nos villes et de nos pays. Ainsi formulé et articulé, la protection du patrimoine architectural a un sens et peut être défendu par le plus grand nombre et pas seulement par les spécialistes de la culture et du patrimoine et du tourisme.
Il faut également prêcher par l’exemple. Le patrimoine architectural, parce que élément constitutif de l’histoire et de l’identité nationale, doit être défendu et nul n’a le droit de le détruire, de le restaurer à sa guise. Sans doute, la protection et la restauration du patrimoine architectural ont incontestablement un coût, mais celui-ci ne peut justifier l’annihilation d’une partie de l’histoire de tout un pays.
Des parcours à pied dans nos centres-villes s’imposent avec des guides pour découvrir ce patrimoine architectural largement méconnu. D’autres initiatives peuvent être également prises dans le cadre des écoles avec des «visites découvertes». Il est urgent de comprendre et surtout de faire comprendre les véritables enjeux de la protection du patrimoine architectural de nos villes pour l’histoire de nos pays.
Sauvons tous ensemble le patrimoine architectural de nos pays, pour une meilleure connaissance de notre propre histoire.

Christian NDOMBI
Chef du secteur Culture au Bureau régional de l’UNESCO