C’est le tout premier ouvrage littéraire de Bokatola Bodzokola. Publié aux Editions Salem services productions, il compte 355 pages, subdivisées en trois chapitres. ‘’Les chansons de Tabu Ley des années 50 et 60’’ (chapitre 1) ; ‘’Les chansons de Tabu Ley des années 70’’ (chapitre 2) et ‘’Les chansons de Tabu Ley des années 80 et suivantes’’ (chapitre 3).
Tabu Ley, lit-on, est un musicien exceptionnel qui fait vibrer les coeurs des mélomanes africains depuis le début de sa carrière en 1959. Il est sans doute l’artiste le plus fécond de la chanson congolaise. Ce monument de la musique a en effet composé et chanté une myriade de chansons aussi remarquables les unes que les autres. Elles participent à la renommée de la République Démocratique du Congo dans le monde sur le plan culturel. Dans ce livre, le lecteur est servi par des textes complets des chansons de ce créateur hors-pair.
Dans l’avant-propos, il est relevé que, ‘’les chansons de Tabu Ley largement écoutées et appréciées l’ont rendu célèbre. En l’an 2000, pour l’immensité de son oeuvre, il a été élevé au niveau d’icône du patrimoine mondial, par les grands hommes des lettres et des arts. Ces chansons traitent des thèmes variés: l’amour, la naissance, la mort, l’argent, le divorce, la compassion, la jalousie, l’infidélité conjugale, le ressentiment, les commérages, l’ingratitude, la colère, la violence à l’égard des femmes, la prostitution, le travail, le patriotisme, la religion, la publicité, etc. Elles sont dans leur presque totalité exécutées en ‘’lingala’’, l’une des quatre langues nationales de la République Démocratique du Congo, parlée principalement dans la capitale Kinshasa ainsi qu’à Brazzaville, au Congo.
Sur le choix des chansons, l’auteur souligne: ‘’Nous avons sélectionné des chansons selon l’accueil du public (chansons à succès), le thème traité, les enseignements à tirer, la valeur pédagogique. Traduites en français, ces chansons ainsi choisies sont examinées dans trois chapitres. Parlant de la chanson ‘’Keliya’’, l’auteur fait savoir: ‘’Rochereau (sobriquet de l’artiste), célèbre dans ce chant, à la manière d’un poète, la beauté d’une jeune fille, Keliya, son amour. Le succès de cette chanson, exécutée en duo avec Kabasele, est immédiat…Cette chanson qui se tient au hit-parade durant l’année 1959 traversera des décennies sans perdre sa valeur. Elle marque le début d’une carrière lumineuse pour ‘’Rochereau’’.
Une autre chanson à succès a été ‘’Adios Tete’’, désignée meilleure chanson de l’année 1962. Sans oublier ‘’Rendez-vous chez là-bas’’, qui est une invitation à danser la rumba; ‘’Ndaya’’, chanson dans laquelle ‘’Rochereau’’ célèbre une beauté ‘’Ndaya Pauline’’, son amour, il la compare au paradis. Il s’agit d’une histoire étonnante et triste; ‘’Selikutu’’, une pathétique histoire d’un amour à sens unique, qui heureusement finit bien pour l’amoureuse. Elle est plébiscitée meilleure chanson de l’année 1963.
En 1964, ‘’Rochereau’’ confirme sa montée en puissance avec la parution des oeuvres suivantes: ‘’Fiesta na Milano’’; ‘’Minge rumba fiesta’’; ‘’Ya Gaby’’; ‘’Majolina’’; ‘’Molangi ya malasi’’; ‘’Jaloux jaloux’’; ‘’Mukala’’; ‘’Na tiya zuwa tina?’’. Dans le répertoire de l’artiste, figure également la chanson patriotique, telle que ‘’Congo lelo’’, qui est un rappel à la résistance lancé aux Congolais, face à l’agression de leur pays par certains de ses voisins.
Economiste du développement, Bokatola Bodzokola a exercé diverses fonctions au ministère du Plan, dont celles de directeur du développement rural, de conseiller à la planification du ministre du Plan, de directeur général de la prospective, de directeur des études et de la planification. Il a fait valoir ses droits à la retraite en 2008. Depuis 2009, en qualité d’opérateur culturel, il s’est lancé dans la production de cassettes, CD, DVD, au profit des ensembles de musique traditionnelle du district de Mossaka, dans le département de la Cuvette.
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Alain-Patrick MASSAMBA
