A travers un sujet portant sur «la question du retour dans Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire et L’énigme du retour de Dany Laferrière», Laurent Malanda, dit Huppert Malanda, a soutenu vendredi 27 août dernier au CNEUF de Brazzaville, par visioconférence, un mémoire de master ès lettres de l’Université de Maroua située au Nord du Cameroun. Fasciné par l’œuvre poétique de l’écrivain martiniquais publiée en 1939 et rééditée en 1947, Laurent Malanda a voulu, par l’entremise de ce mémoire, rendre un vibrant hommage à Aimé Césaire qu’il estime être son « idole ». L’impétrant a obtenu la note de 15 sur 20, mention bien et le jury l’a déclaré apte à poursuivre ses recherches dans le cadre de l’obtention d’une thèse de doctorat en littérature.

Dans son mémoire, l’auteur scrute sous le prisme de l’approche comparatiste et thématique, le déploiement du thème du retour en rapport avec l’espace et la réappropriation de la mémoire. L’idée du retour telle qu’elle se décline dans l’imaginaire de ces deux écrivains est, selon le récipiendaire, consubstantielle à l’idée du départ ou de l’exil. Elle suppose un retour aux sources, donc au pays natal qui acquiert en ce moment une dimension mythique.
Dans le cadre d’une étude comparative de l’idée du retour entre Césaire et Laferrière, Huppert Malanda entend le retour comme le fait de revenir à son lieu habituel, à sa terre natale, avec tout ce que cela évoque, de souvenirs, de liens ontologiques et de perspectives mythiques ou mythologiques.
Il a démontré que Césaire la martiniquais et Laferrière l’haïtien ont en commun le fait d’avoir connu très tôt l’expérience de la séparation ou de l’arrachement au pays natal. A tel point que la tentation du retour s’appréhende chez eux comme un impératif vital. Ainsi, le retour se donne à comprendre non seulement comme le lieu et le moment d’une réconciliation avec la terre natale, mais aussi et surtout une réconciliation avec soi-même.
Le cheminement épistémologique de l’impétrant s’est construit autour des questions ci-après : le retour se conçoit-il comme processus de rédemption? quelles sont les valeurs symboliques et idéologiques attribuées au lieu mythique rêvé que représente la terre natale ? le postulat qui fonde les analyses d’Huppert Malanda réside dans le fait que la question du retour Chez Césaire et chez Laferrière s’ancre dans une logique de quête des sources et des origines.
Chez Césaire, le retour est compris comme une totale adhésion à la mémoire et à l’histoire. Il s’inscrit dans une quête identitaire qui se définit comme un chant de fidélité aux valeurs ancestrales africaines. La Martinique, lieu de prédilection du retour, se décrit comme une porte d’entrée du poète vers l’humanisme fondamental.
Dany Laferrière, pour sa part, conçoit le retour tantôt comme une représentation fictionnelle qui permet la création d’un lien polyphonique entre l’imaginaire de l’auteur et sa terre natale, tantôt il fait émerger le rêve de l’impossible retour de l’écrivain en exil.
In fine, la dématérialisation de l’Université de Maroua au Nord-Cameroun, grâce à l’agence universitaire de la francophonie, est une véritable alternative qui a rendu possible cette soutenance, plutôt que d’attendre l’amélioration de la situation sanitaire de Covid-19 dont l’issue reste incertaine. De plus, la présentielle aurait exigé un effort financier supplémentaire.

Marcellin
MOUZITA M.