Dans son ouvrage intitulé ‘’Esquisse d’une réflexion sur la problématique du développement en Afrique’’, Raoul Nkassa situe le lecteur dans un imaginaire où le point de départ du développement de l’Afrique se trouve entre les mains des Africains eux-mêmes. Cet essai démontre que le socle de tout développement repose sur deux concepts clés, «le bon sens» et «la responsabilité».
Le livre, publié aux Editions Hémar, est subdivisé en deux grandes parties à travers cent vingt pages.
La première partie traite de la question du principe du développement en s’appuyant sur la locution proverbiale «Qui veut voyager loin, ménage sa monture».
Raoul Nkassa recommande, justement, une circonspection continuelle aux intellectuels africains dans l’exercice de leur mission.
Dans sa seconde partie intitulée «le bon sens» ou la raison et la problématique du développement en Afrique, il est effectivement question de faire bon usage de la raison en référence à René Descartes qui l’exprime clairement en termes de «bon sens». Dans ces passages, l’auteur dénonce un certain obscurantisme en Afrique partant de la mystification des enseignements au manque de transparence dans la gestion des biens publics. Le développement, selon lui, dépend au préalable de la volonté manifeste des Africains eux-mêmes.
De ce fait, en se référant au principe du développement, tout intellectuel africain a une part de responsabilité dans cette quête, du moment où chacun est tenu d’utiliser sa propre énergie intellectuelle pour en faire une force capable d’intervenir dans le souci du développement. C’est dans ce contexte que la non-participation des intellectuels autrement dit leur silence ou indifférence est remis en cause.
Aussi s’appuie-t-il sur une réflexion de Charles Zacharie Bowao stipulant que «le silence des intellectuels sur l’inacceptable, tout comme leur activisme politique débordant, n’a jamais fait progresser de société humaine» (p. 27).
Chaque intellectuel africain est finalement censé mettre au profit de la communauté le fruit de son savoir non pas pour se faire valoir mais tout simplement dans le but d’ouvrir une brèche au développement. Chacun agissant ainsi, les Africains parviendront à réaliser la maxime «l’union fait la force», comme disait l’écrivain français Michel Quoist dans son ouvrage intitulé A cœur ouvert, «il faut plusieurs arbres pour faire une forêt ». Ici l’unité est source de progrès.
C’est l’Occident qui serait, selon l’auteur, l’image que l’Afrique aurait dû prendre en vue d’un développement qu’elle espère. A en croire Raoul Nkassa, «si les Africains estiment être pauvres et, surtout, ne pas connaitre le développement, ce serait comparativement avec la société occidentale» (p.78). Laquelle société demeure le point de mire du développement pour l’Afrique, pense-t-il.
Quant à la deuxième partie, «le bon sens» ou la raison et la problématique du développement en Afrique, elle rejoint la perspective cartésienne dans laquelle la raison humaine est prise comme le levier de la connaissance. Par conséquent, la problématique du développement en Afrique nécessite, toujours pour l’auteur, ce que Descartes appelle «le bon sens», lumière naturelle que tout homme possède, qui selon Descartes est «la chose du monde la mieux partagée».
C’est à travers cette faculté que l’homme devient capable de distinguer le vrai du faux et le bien du mal. S’inscrivant dans cette même logique, l’Africain doit donc partir de la réalité présente pour se forger une identité favorable à son développement, au lieu de s’attarder sur une propagande politique stérile. Il faut par contre passer à l’action avec lucidité et responsabilité.
De même, l’auteur reconnaît que l’Afrique ne souffre pas d’une carence d’intellectuels capables de résoudre les problèmes majeurs de développement auxquels elle est confrontée. D’où, l’interpellation de ces derniers de sortir de leur mutisme devant des faits pouvant être pernicieux ou défavorables à court et à long terme. Le problème est d’une manière générale relatif à l’Afrique toute entière, et à l’Afrique centrale plus particulièrement.
Alors si l’on veut sortir l’Afrique de l’idéologie pour aboutir au pragmatisme, il suffit d’exploiter tout le génie dont elle regorge dans tous les plans, particulièrement en faisant bon usage de l’expertise. Autrement, le continent ne vivra que de la routine. La réflexion du philosophe congolais, Raoul Nkassa, balise une piste méthodique idoine pour que le développement en Afrique ne demeure pas une conquête de l’horizon.

Aubin BANZOUZI