La poésie est la mère des lettres. L’esthétisme est la caractéristique primordiale d’une œuvre à effet de fiction. En effet, une littérature sans beauté est non seulement fade mais surtout elle perd cette identité qui fait la suavité de la plume d’un écrivain. Il faut être brave pour s’aventurer dans les sentiers de la muse poétique comme le fait Brel Aldrich Mayouma à travers cet enfantement primipare qui inaugure son périple bibliographique.

C’est au cœur d’un «Voyage en berceau du silence» qu’il abreuve, évade et enchante notre imaginaire. Comme dans un rêve, l’onirique existence éloignée de la réalité ambiante demeure toutefois présente dans la vraie vie, car ne rêvent que ceux qui vivent. Et pourtant, le rêve qui survit même dans les souvenirs n’est pas pris en compte parmi les actes juridiques de la même vraie vie.
Mais hélas, quelle est cette vraie vie où la mort ne serait présente? L’auteur ici, par la magie d’un langage surréaliste, nous fait embrasser cette dualité inséparable de la vie et de la mort, ou de la mort dans la vie. Dans une cogitation solitaire devant la dure et irascible épreuve de l’absence brutale des contemporains, particulièrement des intimes, la psychose créée un imaginaire hallucinant qui rend philosophe et parfois poète.
Le verbe découlant de cette expérience métaphysique est souvent vecteur d’un sens profond des choses. Dire ce que l’on ressent à ce moment-là, semble en apparence une incohérence rhétorique, avec des fresques symboliques qui font des grands artistes. Dans la foulée, Freud aurait de la matière, avec sa psychanalyse.
Ce recueil de poésie libre et atypique, aux sonorités amusantes à la Robert Desnos, est l’expression limpide et lyricisée des échos d’un silence lourd face aux réminiscences du passé, un passé lugubre et révoltant. L’absence d’une mère, et des compatriotes au cours de l’année noire de 2012, celle de la grand-mère et autre, dix ans après, a inspiré cette architecture de mots-sérums pour surmonter les maux mémoriels par la vertu de la résilience.
L’auteur, jeune dans l’écriture, aborde avec doigté, dans ces premiers pas poétiques, des thématiques moins aisées. Cette manière de faire qui le démarque des sentiers battus, met en évidence un anticonformisme stylistique propre aux plumes majeures. Ne dit-on pas qu’«aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années?».
Loin de nous effrayer avec l’omniprésence de la mort au fil des pages, cette poésie nous donne d’apercevoir en fin de compte que «le silence du berceau ne tue pas l’amour». Un amour noble aux senteurs divines qui va au-delà des frontières du trépas, l’amour agape dont Brel Aldrich Mayouma est à la fois chantre et serviteur, dans la grande école de CHARITE du Grand séminaire de théologie Cardinal Emile Biayenda de Brazzaville.

Abbé Aubin Banzouzi
(Diacre et vicaire à la Paroisse Saint Joseph de Kinkembo)