Une nouvelle tension gangrène la coalition au pouvoir formée par le Front commun pour le Congo (FCC) de l’ex-chef de l’Etat Joseph Kabila et Cap pour le changement (CACH) du Président Félix Tshisekedi. Conséquence des ordonnances présidentielles à la Cour constitutionnelle et à l’armée, elle met de nouveau à mal les relations de plus en plus tendues entre les deux alliés.

Ce nouvel épisode survient après le tollé suscité par Célestin Tunda Ya Kasende, vice-Premier ministre, garde des sceaux, ministre de la Justice démissionnaire relatif à l’envoi au Parlement en juin dernier, d’un projet de loi en discussion sur les réformes de la justice, à l’insu du Gouvernement et du Président de la République; de la nomination à la tête de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de Ronsard Malonda ayant provoqué de vives contestations de la part de la société civile et des confessions religieuses, deux personnalités issues toutes deux du Front commun pour le Congo de Joseph Kabila.
Après les ordonnances présidentielles nommant des magistrats et des militaires, le FCC, dont est issu le Premier ministre, exprime son mécontentement. Sylvestre Ilunga Ilunkamba s’inquiète de n’avoir pas été informé de la prise de ces ordonnances. Sa famille politique dénonce une violation de la Constitution par le Président Tshisekedi.
Ces ordonnances avaient été contresignées par le vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur qui assumait l’intérim du chef du Gouvernement qui, lui, était en déplacement à Lubumbashi. A en croire la famille politique de Joseph Kabila, l’appartenance de l’intérimaire au camp du Président de la République pose problème. Pour les membres du FCC réunis mardi dernier, le contreseing du Premier ministre constitue, au-delà de sa nature juridique, le gage des équilibres des pouvoirs entre le Président et le Premier ministre qui est l’émanation de l’Assemblée nationale.
Pour Willy Makiashi du FCC, «toutes les ordonnances n’ont été proposées ni par le Gouvernement ni par l’assemblée générale du Conseil supérieur de la magistrature, selon le cas. Encore moins délibérées en Conseil des ministres. On constate par ailleurs que le Conseil supérieur de la Défense n’a pas été consulté».
Le général John Numbi, un des piliers du régime Kabila, se retrouve sans affectation après ces ordonnances présidentielles. L’officier a reçu le soutien des notables du FCC originaires du Grand Katanga. Ils ont estimé que le haut gradé a subi «une humiliation».
Ces dissensions récurrentes entre les deux formations politiques au pouvoir font craindre une dislocation de la coalition.

Gaule D’AMBERT

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