«Soit fier de ta bouche», c’est sous ce thème que le monde a célébré, le 20 mars dernier, la Journée internationale bucco-dentaire. Nous avons rencontré le docteur Landry Matsimi Makita, chirurgien-dentiste en service à l’Hôpital régional des armées de Pointe-Noire. Entretien.

*Docteur, qu’est-ce qu’on entend par maladie bucco-dentaire?

**La maladie bucco-dentaire se résume à la carie dentaire, qui est l’affection la plus répandue au niveau de la cavité buccale. A côté, nous avons des maladies qui attaquent les tissus de soutien de la dent. Il y a celles qui attaquent les gencives et vont parfois un peu plus loin pour atteindre le tissu osseux. On dit que ce sont des maladies parodontales. A côtés de ces maladies de la dent et du tissu de soutien de la dent, il y a aussi les maladies du tissu mou dans la bouche. Ça part des affections banales, genre aphtes, épulis qui peuvent aller jusqu’aux tumeurs.

*Avez-vous un conseil à donner à la population pour se prémunir de ces maladies?

**Je vous dis d’emblée, qu’en Afrique et particulièrement au Congo, nous devons privilégier la prévention, parce que nous n’avons pas les moyens curatifs de toutes les maladies. Aujourd’hui, la maladie bucco-dentaire est devenue comme une épidémie. Les consignes sont simples en termes d’hygiène. Il faut prendre soin de sa bouche, et en être fier. D’où le thème de la Fédération dentaire internationale cette année: «Soit fier de ta bouche». Prendre soin des dents commence par une alimentation saine et équilibrée pour en apporter des éléments minéraux nécessaires à la dent qui s’en sert pour se défendre contre ces maladies. Il y a le brossage dentaire quotidien. La brosse à dent est de mise pour avoir une bonne hygiène bucco-dentaire. La brosse à dent ne va pas forcément avec la pâte dentifrice, celle-ci n’étant pas un élément indispensable. La pâte dentifrice est un adjuvant qui peut être nécessaire en termes de composition chimique. Il y a des pâtes dentifrices qui ont un taux de fluor assez élevé pour permettre de lutter plus efficacement. Nous insistons pour dire qu’on entend par se brosser les dents, le retrait de ce qui est resté quand on a fini de manger. Il y a eu des méthodes rudimentaires, mais la méthode actuelle la plus répandue est celle qui consiste à se brosser les dents matin, midi, soir, aussitôt après avoir mangé. Entre les repas vous pouvez mâcher un sheu gum sans sucre, de façon à augmenter la salivation afin de garder les surfaces dentaires propres.

*Certaines personnes parlent de la présence d’un insecte dans la dent affectée. Que répondez-vous à ceux-là?  

**Ça fait partie des mythes que nos grands-parents jadis nous ont racontés. Il n’y a pas, comme les gens disent, une chenille qui va d’une dent malade à une autre. Quand le processus carieux n’est pas arrêté au bon moment, il arrive une atteinte pulpaire. L’espèce de ver de terre qu’on voit sortir, c’est le paquet vasculonerveux qui se retire au contact de certains produits caustiques que les uns et les autres mettent dans leurs dents pour calmer tant soit peu la douleur. Il ne calme pas la douleur, il retarde juste l’échéance. On peut partir d’une pulpaire bénigne qui peut entraîner la mort.

*Que dites-vous en guise de conclusion ?

**Au niveau national, le ministère de la Santé et de la population va lancer, du 10 au 15 avril prochain, simultanément à Brazzaville et à Pointe-Noire, une campagne de dépistage, de sensibilisation et de prévention des maladies buccodentaires en milieu scolaire. Ne ratez pas cette occasion!

Propos recueillis par Equateur Denis NGUIMBI