Suite à la libération d’un groupe de militaires tchadiens, remis aux autorités de Ndjamena par celles du Niger le 7 mai dernier, des médias russes affirment que les 21 soldats ont été libérés lors d’une «opération conjointe Tchad-Russie» contre des groupes armés «islamistes» du Sud libyen. Une déclaration qui étonne à Ndjamena et agace les rebelles du Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (CCMSR). Ceux-ci dénoncent des «affirmations mensongères» et assurent que Moscou les a dupés en leur promettant du matériel, avant de transférer les prisonniers au Niger.
Selon la version russe, «le ministre tchadien de la Défense a remercié Moscou» suite à une «opération conjointe impliquant des militaires tchadiens et russes» pour libérer 21 militaires «détenus dans des conditions inhumaines et torturés». L’affirmation et la qualification «d’islamistes» ont agacé le CCMSR, qui dénonce une «fake news».
Le groupe rebelle explique que ces hommes avaient été faits prisonniers lors d’une attaque menée le 10 août 2023 dans le Tibesti, tout près de la frontière libyenne. Il assure qu’ils ont été bien traités, et libérés «sans contraintes» dans le cadre d’une négociation.
Un cadre du mouvement affirme même que ce sont les Russes eux-mêmes qui ont conclu le deal, que les prisonniers ont été remis à des hommes venus spécialement de Russie à Gatrone, localité libyenne à environ 300 kilomètres de la frontière, et qu’une «convention a été signée» prévoyant en échange du matériel militaire et des formations. Un document que le groupe se donne le droit de publier. Les prisonniers ont ensuite été acheminés à Niamey, au Niger où ils ont été récupérés le 7 mai 2024 par le Tchad.
A Ndjamena, on refuse de commenter officiellement ces déclarations russes, mais plusieurs sources affirment «qu’aucune opération commune n’a eu lieu», que «l’armée tchadienne n’intervient pas hors de ses frontières», et que les Russes ont contacté le Tchad pour l’informer de la mise à disposition des prisonniers via le Niger.
G. D’A.
