Dans le cadre du projet de relance de la production agropastorale et halieutique dans le département du Pool, la Fondation Niosi, Ong de développement, en partenariat avec la FAO, a procédé à la distribution de semences à 1.274 ménages pratiquant le maraîchage dans sept districts du département du Pool. La dernière opération de distribution de ces semences a eu lieu jeudi 8 juillet 2020, dans quelques villages du district de Goma Tsé-Tsé, notamment à Nguiri-Louhéto, Kossa et à Kibouendé 11, après Mbanza-Ndounga, Mindouli, Mayama, Vinza, Kimba et Kindamba.

La distribution a été faite en présence de Marc Nkouka, chef de secteur agricole dans ce district. Cet appui vise à soutenir la relance des activités agricoles dans le Pool par la reconstruction des moyens de production des agriculteurs, afin de contribuer à l’augmentation de la disponibilité et des revenus des producteurs affectés par la crise du Pool.
Les semences comprennent une variété de spéculations comme les aubergines, la ciboule, la tomate, le persil, la carotte, le poivron, le chou, l’amarante, la morelle noire, le concombre, la pastèque et l’épinard. Jusqu’ici, les contraintes inhérentes à la production agricole dans les différents districts ont été principalement le manque d’outils aratoires et de semences. Cette distribution des semences par la Fondation Niosi a été bien appréciée par les bénéficiaires.
Samuel Matsimouna, chef de village de Kibouendé 11 a dit: «J’exprime ma grande joie d’avoir reçu les semences agricoles. Ici, au village, on mange le légume. Nous pratiquons surtout l’autoconsommation. Si la production est importante, on procède à la vente du surplus pour avoir quelques revenus. Bien que ce soit une zone sablonneuse, on s’arrange toujours à ce que nous ayons une bonne production en mettant beaucoup de fumier. Nous allons donner les semences aux hommes et aux femmes qui pratiquent le maraîchage. Je pratique le maraîchage depuis ma jeunesse. A l’époque, quand on disposait des moyens, on achetait les semences à Bacongo. Maintenant que les moyens financiers font défaut, nous remercions la FAO et la Fondation Niosi».
«J’ai bien reçu les graines qu’on nous a apportées. Je suis très content. Pendant cette saison sèche, nous allons cultiver. Le maraîchage, c’est notre travail, bien que nous sommes réduits à zéro. Maintenant que la population regagne les villages respectifs, on va procéder à la distribution des semences. Notre village compte actuellement 160 personnes», a déclaré Antoine Sita du village Nguiri-Louhéto.
Simon Konda, secrétaire du village Kibouendé 11 a souligné: «nous sommes nombreux à pratiquer le maraîchage. Nous sommes très contents pour avoir reçu les semences. Nous voulons aussi intéresser ceux qui ne connaissent pas le maraîchage».
Pour sa part, Marc Nkouka, chef de secteur agricole de Goma Tsé-Tsé a dégagé la portée de cette opération de distribution des semences. «Ce geste est à encourager, parce que la population rurale ne possède plus rien avec les évènements tragiques que nous avons connus. Ces semences ont été très attendues par la population. Elle a déjà reçu le matériel aratoire; ce qui manquait ce sont les semences pour se remette au travail et on pourra avoir de bons résultats. Nous sommes là pour les accompagner à base de nos conseils. Cette distribution des semences n’a été que le début d’un programme. On ne promet pas, mais d’autres programmes viendront pour appuyer des villages qui n’ont pas été servis», a-t-il précisé.
Le département du Pool figure parmi les greniers du Congo. Mais suite à la crise post-électorale qui a débuté en avril 2016 dans le sud de Brazzaville et aux tensions dans le département entre la force gouvernementale et les membres de la milice ninja Nsiloulou, un nombre important de personnes avait fui vers les départements voisins de: Brazzaville ou de la Bouenza. Le nombre de personnes déplacées internes était passé de 12.986 en juin 2016 à 81.000 en mai 2017. En octobre 2017, l’effectif des populations déplacées a été évalué à 51.805 personnes dans le Pool. La signature du cessez-le-feu le 23 décembre 2017 a permis la fin des hostilités entre les parties en conflit et la levée du mandat d’arrêt contre le chef des ex-combattants rebelles. Elle a également lancé le processus de démobilisation, de désarmement et de réinsertion (DDR) des ex-combattants, qui a vu le jour au mois d’août 2018.
Cela a permis aux populations déplacées de retourner progressivement dans leurs villages d’origine. Durant le conflit, les déplacements forcés des populations ont perturbé les moyens d’existence, notamment sur le plan des activités agricoles. A leur retour, ces populations ont été confrontées à une situation économique structurellement précaire, à la perte et au délabrement de leurs biens, leurs habitations ou leurs outils aratoires rendant leur relèvement plus difficile après le conflit. La crise a laissé des impacts négatifs, entraînant de sérieuses perturbations dans la production agricole, les marchés et la stabilité des prix dans le Pool.

Philippe BANZ