Dans la région de la Likouala, des milliers de personnes, qui essayaient de se relever des inondations de l’an dernier, se trouvent isolées de nouveau à cause des inondations dévastatrices. Attendant à ce jour des services de secours, elles vivent depuis des mois dans des conditions très précaires à la merci des moustiques et dans une grande incetitude alimentaire. Un drame. Certaines localités accessibles ne le sont que par pirogue ou hors-bord. Le Gouvernement a déclaré le 3 novembre dernier l’état d’urgence humanitaire dans cette zone.

L’agence onusienne chargée de l’alimentation et des situations d’urgence humanitaire, le Programme alimentaire mondial (PAM), a déclaré le 9 novembre que plus de 83.000 personnes sont affectées à ce jour par ces inondations qui ont déjà impacté la sécurité alimentaire et la nutrition des populations dans les zones touchées par la montée des eaux: Bétou, Epena Impfondo Dongou, Enyelle… Et, plus de 100.000 personnes sont potentiellement exposées dans les jours à venir.
Pour parer au plus pressé, Jean-Martin Bauer, représentant du Programme alimentaire mondial (PAM) au Congo, a annoncé un financement de 1 million de dollars Us, soit 555 millions de F.CFA issus de fonds propres du PAM, pour permettre d’organiser une première assistance auprès de 35.000 personnes affectées, en démarrant les premières distributions d’urgence, à la fois, en vivres et en transferts monétaire via le système du PAM appelé SCOPE. «Une nouvelle phase d’urgence nous attend cette année. L’an dernier, la réponse du PAM aux inondations avait été appréciée par les partenaires. Je suis sûr que nous pourrons une fois de plus être au rendez-vous», a déclaré le représentant du PAM au Congo.
En effet, depuis le mois de juillet dernier, des pluies diluviennes se sont abattues sur la région de la Likouala, déversant des quantités record d’eau deux fois plus importantes que la moyenne saisonnière qui ont fait sortir rivières et fleuves de leur lit. Le niveau des eaux de l’affluent Oubangui a atteint un record de hauteur en se référant à la période 2009-2020. D’où l’inondation de plus de près de 125 villages, dont 48 villages totalement inondés et 77 partiellement. La Likouala (515 km²) est actuellement le département le plus inondé, et 244 ha de terres cultivées sont sous l’eau.
«L’habitat est très abimé: certaines habitations se sont écroulées. Des écoles et centres de santé sont dans l’eau. Les populations ont trouvé refuge dans les forêts, sur des monticules ou sur des endroits plus hauts épargnés, pour l’heure, par les eaux. Il n’est pas surprenant de constater à court terme une rareté et une hausse des prix de 50% des produits locaux de base sur les marchés vu que les endroits pour pratiquer la pêche et les terres basses pour faire l’agriculture sont gravement affectés par les inondations», explique Josias Gautier Massamouna, assistant projet au PAM. À long terme, a-t-il poursuivi, le risque est grand de perdre les moyens de subsistances. 73% de ménages dépendent en effet de l’agriculture et craignent de perdre la saison agricole dont la conséquence immédiate plausible est la hausse de prix des semences.
Ces précipitations abondantes appellent à un renforcement des capacités de résilience des populations au niveau local afin de les accompagner pour anticiper et s’adapter à ce type d’évènements climatique. Toutefois, le pire est à craindre sur le plan sanitaire, avec la résurgence des maladies hydriques dont les causes seraient la décomposition des animaux domestiques engloutis par les eaux et le péril fécal. A cela s’ajoute la pandémie de Coronavirus qui complique la tâche puisque la nécessité de se réfugier absolument en cas de catastrophe naturelle et la précarité dans laquelle se trouvent les populations annihilent les diverses mesures de protection et d’hygiène édictées par le Gouvernement.
Pour rappel, depuis novembre 2019 suite aux inondations dans le Nord et le centre du pays, les agences des Nations Unies, dont le PAM, ont mis leurs capacités au service du Gouvernement pour assister 130.000 personnes affectées par les inondations. Celles, les plus graves depuis 1960, avaient détruit maisons, biens et champs (70% des récoltes perdues, selon les services techniques locaux).
Avec le réchauffement de la planète, les risques d’épisodes de fortes précipitations vont augmenter, selon les scientifiques. Ces pluies, associées à d’autres facteurs liés notamment à l’aménagement du territoire, favorisent les inondations.

Viclaire MALONGA