Dans le cadre du projet ‘’Renforcement du leadership féminin dans la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles’’, l’ONG Azur-Développement a organisé le 6 novembre à Madingou, dans le département de la Bouenza, un atelier de sensibilisation des agents de la Police et de la Gendarmerie à la protection des femmes et des enfants contre les violences. 45 personnes y ont pris part, dont des policiers de Nkayi, Madingou, Loutété et de Bouansa; des gendarmes, des représentants de l’ambassade de France, de la mairie de Madingou, de l’hôpital de base de Madingou et de centres de santé, etc.

Le représentant du préfet, ouvrant l’atelier, a exhorté les participants à faire preuve de sérieux et à bien assimiler les enseignements. «Les violences faites aux femmes et aux filles sont punies par la loi. Malheureusement, les victimes de ces actes restent dans un silence coupable car elles pensent que dénoncer, c’est les exposer, c’est les diminuer. Nous disons que cela doit changer et les victimes doivent se ressaisir et avoir le courage de traquer les auteurs de violences et les traduire devant les tribunaux. La lutte contre toute forme de violences est l’affaire de tous. La police et la gendarmerie sont en première ligne dans cet objectif», a-t-il déclaré.
La violence à caractère sexuel englobant le viol est prise en charge à l’hôpital suivant une procédure bien définie où les circonstances ou motifs de consultation sont identifiés, a indiqué le Dr. Esaïe Boutando, médecin Chef à l’hôpital de base de Madingou. La prise en charge médicale proprement dite prend en compte l’identification de la victime (noms, prénoms, âge…), les informations sur le ou les coupables si cela est possible, l’examen médical (général et gynécologie), les soins curatifs, les examens de laboratoire qui doivent être contrôlés à un mois et trois mois pour le test de grossesse et la sérologie HIV, a-t-il expliqué.
Daniel Victor Miere, commandant de Police, présentant la façon dont la Police et la Gendarmerie agissent face aux violences faites aux femmes et aux filles, a souligné deux approches: l’orientation et la procédure. Pour la première, le policier ou le gendarme, saisi d’une affaire, est tenu de donner une réponse à la victime. Toutefois, la Police et la Gendarmerie n’ont de compétence qu’en matière pénale. En d’autres termes, la violence dont la femme ou la fille est victime doit être une infraction. Quant à la procédure, l’enquête relative à la violence faite à la femme et à la fille a des spécificités. Elles sont contenues dans les modules 5/6 du guide de formation des agents de Police gestion des VGB, lequel tient compte des directives élaborées par le Congo en partenariat avec les organes du système des Nations Unies
Selon Lucien Nzila, directeur départemental de la Promotion de la femme de la Bouenza, malgré les avancées significatives enregistrées aux plan national, sous régional et international par la prise d’instruments juridiques pertinents spécifiques en vue d’améliorer la situation des femmes et des enfants, ceux-ci subissent toujours des violences et restent victimes de plusieurs injustices ou discriminations. Une lecture de la société congolaise, en particulier, fait apparaitre que les femmes et les enfants sont plus victimes de violences multiformes; ce qui constitue autant de violations leurs droits. Ces violences sont physiques, morales et psychologiques; sexuelles, domestiques (verbales, sociales), économiques… et ont chacune des conséquences non négligeables.
La loi congolaise, a-t-il soutenu, sanctionne les violences faites à la femme et la fille, mais elle souffre d’insuffisances et de vides juridiques sur certains types de violences. Pour les prévenir, il faut informer la communauté et les leaders sur les violences (prévalence et fréquence, causes, conséquences, principes et les centres de prises en charge…); dénoncer tous les faits de violences comme une atteinte aux droits d’un individu à jouir de sa vie; engager des poursuites judiciaires contre l’agresseur; lutter contre l’impunité en faisant aboutir les procédures juridiques jusqu’à la condamnation des agresseurs, et/ou prendre en charge psychologiquement les agresseurs.
Roméo Mbengou, magistrat, a édifié sur la protection de l’enfant. La violence envers les membres les plus vulnérables de la société, les enfants, a-t-il souligné, entraîne d’énormes conséquences et est à l’origine d’un grand nombre de problèmes sociaux et sanitaires. Lutter contre a donné lieu à des normes spécifiques garantissant aux enfants un environnement propice pour leur développement et leur épanouissement. Entre autres, la convention relative aux Droits de l’enfant, et ses protocoles facultatifs…
La directrice exécutive d’Azur-Développement a mis, quant à elle, l’accent sur la collaboration des guichets uniques avec les commissariats de police et les brigades de gendarmerie. Elle a sollicité les partenaires d’Azur-Développement, les mairies d’arrondissements, qui l’ont toujours accompagnée, de relayer le message auprès des responsables de quartiers et de zones pour que soient assistés les enfants victimes de violence.
Au guichet unique, les victimes de violence ont accès à différents services. Elles sont écoutées, bénéficient de l’appui psychologique et sont accompagnées dans les démarches juridiques et judiciaires. Elles bénéficient également de l’appui médical et sont pris en charge économiquement, c’est-à-dire qu’elles sont orientées, par les animatrices du guichet, vers les Circonscriptions d’action sociales (CAS) ou d’autres projets et programmes des Organisations des sociétés civiles appuyant les personnes vulnérables dans les formations professionnelles et la mise en place des activités génératrices de revenus (AGR).
La représentante de l’Ambassade de France s’est réjouie de constater que le projet ‘’Protection des femmes et des enfants victimes contre les violences’’ a porté ses fruits et qu’il est implémenté dans d’autres départements et localités du pays.
La violence est un fléau mondial. Elle touche toutes les couches de la société, dont les principales victimes sont les femmes et les enfants. Les tabous autour doivent être brisés. L’implication de tous à cet effet est indispensable. C’est pourquoi, l’ONG Azur-Développement ne ménage aucun effort pour sensibiliser autour, promouvoir et défendre les droits des femmes et des filles, donnant ainsi des outils nécessaires pour lutter contre.

V. M.