Une délégation de la Commission Plan, aménagement et infrastructures de l’Assemblée nationale conduite par son président Blaise Ambéto, a effectué le 30 juillet dernier une descente au Port autonome de Brazzaville et Ports secondaire (PABPS). Conformément à la mission de contrôle dont est investi le Parlement, elle est allée constater la réalité sur le terrain afin d’avoir la pleine connaissance de ce qui se passe au Port. Le constat très alarment.

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Ces épaves de navires constituent une vraie verrue

Le PABPS est un maillon Transcongolais de communication issu de la scission-dissolution de l’ATC. Etablissement à caractère industriel et commercial, il est aujourd’hui confronté à plusieurs difficultés dont l’ensablement du fleuve Congo et son impact sur l’activité portuaire, l’insécurité sur les installations portuaires, la vétusté des infrastructures, l’absence de fluidité du trafic au niveau du Beach résultant des effets néfastes de la COVID-19, le développement de Ports parallèles qui n’ont aucun agrément du ministère des Transports.
Ces deux dernières années, le trafic fluvial des passagers a connu une baisse drastique. Il est passé de 217.000 personnes en 2019 à 46.000 en 2020. Seuls les trafics des marchandises: 275.000 en 2019 à 293.000 en 2020 et des conteneurs: 6960 en 2019 à 9308 en 2020 sont en hausse dus pour l’essentiel au trafic du bois venant de la RDC. La superficie générale du domaine portuaire s’est érodée au fil des années de manière significative et déplorable.
La visite des membres de la Commission de l’Assemblée avait pour objectif d’aller constater la réalité sur le terrain.
Le directeur général du Port, Daniel Molongadzeyi, a saisi l’opportunité pour poser les problèmes majeurs auxquels le PABPS est confronté. Il s’agit principalement de l’étiage qui crève les yeux par une simple vue du fleuve Congo. Il est plus sévère que l’année dernière.
Face à cela, il faut de l’entretien: «Nous voulons d’un dragage permanent et le Port n’a pas de moyens».
Et d’ajouter: «Nous ne pourrons pas aller loin, si on ne fait rien. Le plan d’eau est en train de se dégrader de manière dangereuse pour le pays», a fait savoir le directeur général du PABPS.
A noter que depuis 2016, le port n’a plus bénéficié d’un financement pour l’entretien des voies. Or, un bateau pour quitter un Port doit avoir un tirant d’eau maximal pour le chargement. Quand il y a ensablement, la barge ne peut pas être chargée comme elle se devait. La conséquence est que les bateaux vont vers l’est et font des chargements limités. Et comme l’armateur vise un bénéfice, c’est le panier de la ménagère qui en prend un coup. En plus, le Congo n’a plus un seul bateau.
Tout est donc à refaire au PABPS à commencer par la réhabilitation de la gare à passagers qui devient vieillissante et des infrastructures devenues vétustes, la réouverture de la gare à passagers comme site dédié aux passagers en provenance de la partie septentrionale du pays, la sécurisation du port y compris sa direction générale. Le tout dans un plan de modernisation qui ne répond plus aux exigences des temps modernes.
L’insalubrité est très visible et le banditisme grandissant. Les chanvreurs aussi y trouvent leur compte sans être inquiétés. Pour une frontière, le PABPS est loin de convaincre alors qu’il est réputé pour ses restaurants de fortune très prisés par les Congolais pour ses mabokés et autres bouillons.
En dépit de tout, Daniel Molongandzeyi promet tout de même de faire du PABPS, le premier port de transbordement fluvial en Afrique centrale.
Légiférer par la preuve. Tel est le sens de la visite des membres de la Commission plan, aménagement et infrastructures. «Nous avons l’obligation de venir sur le terrain pour constater, observer et voir afin de mieux discuter avec le Gouvernement. Nous avons visité, nous avons vu, le constat est poignant et très alarment. Nous n’allons pas nous arrêter à cette visite, nous allons auditionner le ministre de tutelle. Une telle infrastructures qui est une source de recettes ne peut pas être abandonnée, on doit faire quelque chose. Le problème le plus fondamental, c’est l’ensablement», a estimé Balise Ambéto.

Cyr Armel
YABBAT-NGO