Nous célébrons en cette fin de semaine les 61 ans de notre indépendance. Chaque année, au 15 août, nous célébrons cette journée mémorable où nous pûmes nous dire souverains, avec l’ivresse de faire ce que nous n’avions pas pu jusque-là. Chaque année, nous souhaitons que le prochain anniversaire soit différent, que la vie de ce pays se rapproche de l’idéal de Nation que nous voudrions.
Ces vœux sont portés par le Président de la République dans son adresse à la Nation. Ils sont portés par lui aussi pour les festivités de fin d’année. Et chaque année, nous nous mettons à espérer que les choses changent en bien. Il est possible qu’elles le fassent effectivement. Et que, pris dans la succession de nos doutes et l’encrassement des désillusions, même le bien nus paraisse si infime que nous le boudions.
Ou que nous ne sachions même plus le distinguer dans le fatras des mauvaises nouvelles qui nous font hausser les épaules à chaque annonce. Bof ! Il y a deux ans, nous étions euphoriques devant la perspective d’une extraction de pétrole dans la Cuvette. On allait voir ce qu’on allait voir ! On a vu. Rien. Ou alors, et le pétrole et son revenu ont pris des chemins de traverse. Invisibles aux yeux du citoyen non-visible, donc inexistant pour lui. Ses rêves sont faits d’autres choses.
Pourtant, ces petites avancées qui meublent notre quotidien existent bel et bien. A commencer par la paix, sans laquelle rien ne pourrait s’envisager. Notre seigneur de guerre local, Ntumi, semble s’être rangé aux idées de paix Espérons qu’il ne rumine pas un autre coup fourré meurtrier, dévastateur, dans lequel nous continuerions à chercher le gain qu’il peut en avoir tiré. Contentons-nous de le voir en moins offensif. Pourvu que ça dure.
Il y a un bien aussi à constater que, 61 ans après l’indépendance, notre désir de rester unis sous le label «Congo» est intact. Nous nous accusons de tous les mots, exprimons un patriotisme variant, nous perdons en vindictes contre des dirigeants peu soucieux de justices sociales, mais nous tenons sur nos 342.000 Km2. Pas moins. Le vivre ensemble est d’ailleurs prôné à tout-va, mais c’est un slogan qui s’ajoute à un Himalaya d’autres formules. Le Congolais sait comment il vit sa vie à côté d’un voisin dont il se dit frère. Et il ne le tient pas d’un slogan.

Albert S. MIANZOUKOUTA