Auteur compositeur et arrangeur, Antoine Tchimbard se compte parmi les meilleurs guitaristes de la capitale de l’or vert des années 70. Guitare en main, nous l’avions rencontré à son domicile. Entretien.

*Comment êtes-vous arrivé dans la musique?
**Dans les années 70, chaque quartier avait un petit ensemble musical. C’était un mouvement juvénile généralisé dans tout le pays. Ce phénomène a donné des artistes de talent, à l’image d’Angelou Chevauché, Fernand Mabala, Samba-dio, Rapha Bounzeki, Roger Luthin et bien d’autres qui sont les produits de cette période. Moi, j’étais dans le groupe Paradizo au quartier Paul Mboungou à Dolisie. Comme par bonheur en 1973, alors que je n’avais que 13 ans, j’ai rencontré Madilu Système, Dilu Dilumona et Papy Text qui sont venus en aventure ici à Dolisie sans matériel. Dieu merci, à l’époque il y avait des instruments ici. C’est à partir de ces instruments qu’ils se sont produits durant leur séjour à Dolisie. Ils m’avaient pris comme soliste pour les accompagner. C’est à partir de ce moment-là que je me suis révélé et confirmé guitariste soliste.

*Confirmé guitariste! quels sont alors vos grands moments?
**Le fait de jouer avec les grandes vedettes de l’époque est inoubliable pour moi. Un autre moment phare de ma musique, c’est quand j’ai enregistré mon premier album sur cassette à quatre titres intitulé «Frein à main». C’était dans la période de 1991-1992. Cet album a fait boule de neige à Dolisie. Les événements malheureux que le pays a connus ne m’ont pas permis de sortir le deuxième album. Pour l’heure, je suis comme qui dirait sur le banc de touche, tout en espérant revenir un jour sur la scène musicale.

*Musicalement parlant, si je vous demandais de comparer votre époque à celle d’aujourd’hui, que diriez-vous?
**Je vous dis clairement que plus rien ne marche sur tous les plans: musique, théâtre, sport et bien d’autres domaines. A notre époque tout se faisait avec passion et amour. Les musiciens amateurs et même professionnels faisaient de la musique juste pour le succès. C’est ça la première grande différence. Secundo, dans le passé il y avait une certaine probité morale dans l’art de chanter et de danser. Aujourd’hui, les chansons qui n’ont plus de texte sont truffées d’insanités, la manière d’exhiber la danse et l’accoutrement des artistes attirent vers la pornographie. Actuellement, il est difficile de suivre en famille un clip à la télévision. Cette façon de faire contribue à la destruction morale de la société. Je pense que l’absence de censure est la cause principale. Les autorités en charge de la culture doivent faire revenir la censure, car il y a trop de laisser-aller chez nous.

*Peut-on garder l’espoir qu’un jour, les mélomanes vous reverront sur scène?
**La musique est pour moi une vocation, vu les prédispositions naturelles que Dieu a mises en moi, gardez votre mal en patience. La patience est amère, mais son fruit est doux. Vous allez me revoir un jour sur le podium.

Propos recueillis par
Equateur Denis NGUIMBI