Le Point focal du Mouvement mondial SUN-Congo (Scaling up nutrition) de lutte contre la malnutrition a organisé un atelier de lancement de la troisième phase de sa stratégie de lutte contre la malnutrition. Les travaux de cet atelier se sont tenus au palais des Congrès, à Brazzaville, lundi 4 octobre 2021 sous l’égide de Jean-Baptiste Ondaye, ministre secrétaire général de la présidence de la République, responsable du point focal SUN-Congo, en présence de Mme Irène Mboukou-Kimbatsa, docteur agro- écologue, ministre des affaires sociales et de l’action humanitaire.

Mme Marie-Jeanne Kouloumbou, députée de Boko, dans le Pool, présidente de la commission environnement et développement durable à l’Assemblée nationale; Chris Mburu, coordonnateur résident du Système des Nations Unies au Congo et le Dr Chantal Umutoni, représentante de l’UNICEF au Congo ont assisté aussi aux travaux.
Le but visé a été d’évaluer la feuille de route 2021-2025 de la troisième stratégie nationale de lutte contre la malnutrition en consolidant l’approche multisectorielle et multi-acteurs, en vue de sa mise en œuvre et du suivi. Cette feuille de route a été adoptée avec amendements.
Le Point focal a mis en place une coordination nationale de lutte contre la malnutrition qui regroupe par un partenariat formel la société civile, le secteur privé et le secteur public, avec l’appui des partenaires au développement. L’atelier a été une occasion d’échanges sur les questions de malnutrition dans le pays et capitaliser par des actions en vue de faire reculer les frontières de ce fléau. Une rétrospection a été faite pour apprécier les deux premières phases, afin de se projeter sur les cinq prochaines années. Dans la première phase allant de 2010 à 2015, le Mouvement SUN s’est investi à fédérer tous les acteurs issus de la société civile, des Nations Unies, des donateurs, des entreprises et des chercheurs pour lutter contre la malnutrition. Cette phase était articulée autour de quatre piliers: dont la création d’un environnement politique favorable, avec un fort leadership à l’échelle nationale et un espace commun où les acteurs peuvent aligner leurs activités et prendre des décisions conjointes pour le renforcement de la nutrition. Au cours de la deuxième phase couvrant la période de 2016 à 2020, le Mouvement SUN a contribué à mettre en exergue l’importance de la question de la nutrition dans l’agenda universel et dans la réalisation des Objectifs de développement durable des Nations Unies. Pour la troisième phase 2021- 2025, en tenant compte des leçons apprises et des avancées enregistrées dans la deuxième phase, les participants ont pris l’engagement de mettre en œuvre la politique nationale de sécurité alimentaire et nutritionnelle. Dans la troisième phase, le risque de retournement de tendance impose le renforcement de la démarche participative sous-tendue par un fort alignement des actions des organisations non gouvernementales, des partenaires au développement, des donateurs, des entreprises et des chercheurs sur les priorités nationales en matière de lutte contre la malnutrition, afin que les acquis des deux premières phases du Mouvement SUN puissent aider à la fabrication du réel, c’est-à-dire à des résultats tangibles. Jean–Baptiste Ondaye a souligné les efforts déployés par le Mouvement SUN, tout en relevant les prévalences. «Il est vrai que le Mouvement SUN a contribué à faire bouger les lignes dans le combat contre la malnutrition. Par exemple, au cours de la première phase partant de 2010 à 2015, la prévalence de la sous-alimentation, est passée de 9,4 % en 2010 à 8,3 % en 2015. Au Congo, cet indicateur est passé de 36,5 % en 2010 à 34,1 % en 2015. Mais dans la deuxième phase 2016-2020, il y a eu un léger rebond de la malnutrition puisqu’en 2019, les valeurs prises par ce même indicateur s’élevaient à 8,9 % et à 37,7 %, respectivement au niveau mondial et au Congo». La plupart des indicateurs sont encore à des niveaux qui nécessitent de fortes actions correctrices.
Au cours des travaux, plusieurs thèmes ont été développés portant sur la malnutrition dans le monde, la situation nutritionnelle au Congo, la politique nutritionnelle et le processus de concertation nationale sur le système alimentaire.
Les conférenciers ont été Mme Gerda Verburg, secrétaire générale adjointe des Nations Unies, coordonnatrice du Mouvement SUN, sous la forme virtuelle, en présentiel le Dr Yolande Yvonne Valérie Vombo Matoumona, conseillère en santé du Président de la République, le Dr Lambert Kitembo, membre du comité ad ‘hoc national de lutte contre la malnutrition et M. Savou, coordonnateur de concertation du système de sécurité alimentaire (CSSA). Ces communications ont relevé les forces, les faiblesses, les opportunités, les menaces et les défis pour le combat de ce fléau. La malnutrition demeure un problème social et de santé publique. Il s’agit d’améliorer le niveau nutritionnel et d’alimentation pour contribuer à réduire sa prévalence.
A l’ouverture des travaux, Mme Chantal Umutoni a réaffirmé la nécessité pour l’UNICEF d’intégrer cette approche multisectorielle dans le processus de programmation des différents ministères qui prennent une part active dans ce dispositif et de plaider pour une mise en valeur de la période de mille jours constituant une phase critique dans le développement des enfants et la prévention de la malnutrition chronique. Pour sa part, Chris Mburu a salué l’engagement du Congo pour la sécurité alimentaire, nutritionnelle et sanitaire, dont l’objectif affiché est d’accélérer la réalisation des cibles mondiales de lutte contre la malnutrition sous toutes ses formes. Une participante, le Pr Marie Geneviève Maloumbi, enseignante à la retraite, chercheur à l’université Marien Ngouabi, a exprimé son appréciation. «Je pense que c’est une bonne initiative d’avoir adhéré au Mouvement SUN. Cela permet de fédérer les capacités de tous les acteurs qui œuvrent contre la malnutrition à tous les niveaux. Espérons que ça va continuer. Des données statistiques ont été présentées, il y a de la malnutrition chez nous. Tout doit être mis en œuvre en donnant des moyens à ceux qui veulent travailler pour lutter contre ce fléau».

Philippe BANZ