Le responsable du Consortium œuvre Notre-Dame des veufs, orphelins et veuves du Congo, François Xavier Mouyama Mifoundou, a initié une campagne de sensibilisation sur les conditions de la veuve au Congo. Intitulée «Sauvons la veuve contre les pratiques ancestrales dégradantes: Comment connaître les droits du veuvage au Congo», elle vise à inciter une réflexion approfondie sur le veuvage. Une activité inspirée de la lettre pastorale de Mgr Théophile Mbemba, premier archevêque congolais de Brazzaville adressée au peuple de Dieu pendant le temps de Carême de l’an 1971, sur les conditions de la veuve au Congo.
La campagne de sensibilisation a débuté mercredi 3 novembre 2021 à la paroisse Saint Pierre Claver de Bacongo. Elle se poursuivra dans les prochains jours dans d’autres paroisses de l’archidiocèse de Brazzaville, selon le programme élaboré par le Consortium.
Devant un parterre de femmes venues des différents mouvements d’apostolat des paroisses Saint Pierre Claver, Notre-Dame du Rosaire et Ndona Marie de Mfilou, et d’autres horizons, François Xavier Mouyama Mifoundou, assisté de l’abbé et de Mme Nuptia Mbemba, magistrat au tribunal de grande instance de Brazzaville, a indiqué que la lettre pastorale de Mgr Mbemba en 1971 demeure d’actualité. «Cette campagne de sensibilisation porte sur les antivaleurs et les comportements déviants, enracinés depuis des lustres dans nos familles et que certains rites traditionnels, inappropriés perpétuent dans l’intention perfide de chosifier la veuve et de la maintenir dans des pratiques dégradantes et immorales. Le Code de la famille congolaise de 1984 devenu caduque, mais encore en vigueur dans notre pays et la conformité à la Parole de Dieu pour les chrétiens, constituent de précieux moyens et outils efficaces pour orienter les efforts des uns et des autres, dans notre société, et entrevoir par la suite des pistes en vue d’éradiquer les phénomènes nouveaux qui ont fait leur apparition dans nos familles, pendant la période de veuvage», a dit Mouyama Mifoundou. L’objectif de cette campagne, selon lui, est de s’engager dans la voie de la révolution pour libérer les veuves des pratiques dégradantes. Il s’agit de revisiter nos us et coutumes à la lumière de la Parole de Dieu; de libérer les personnes veuves du joug de certaines coutumes ancestrales irrespectueuses de la personne humaine; de travailler à l’amélioration de leurs conditions de vie. «Le titre 14 du Code de la famille congolaise sur le veuvage en son article 801 stipule qu’il est fait interdiction de certains rites. Les sévices ou mauvais traitements exercés sur la veuve ou le veuf, à l’occasion des cérémonies de deuil sont réprimés conformément aux dispositions du Code pénal. La femme reste liée à son mari aussi longtemps qu’il vit, mais si le mari meurt, elle est libre d’épouser qui elle veut, mais dans le Seigneur seulement qu’elle se marie religieusement (1 Cor. 7, 23). Il faut prendre conscience de cette situation afin de relever les défis au bénéfice des veuves, tout comme les opportunités qui leurs sont offertes pour marquer leur présence dans les sphères de décision. Le martyre de la veuve commence avec le dernier soupir du conjoint, quand il n’a pas débuté la période de maladie ou les heures d’agonie. Aussitôt après la mort du conjoint, les membres de la famille du défunt tyrannisent la veuve, en commençant par sceller la maison pour l’empêcher d’y entrer, de peur qu’elle n’escroque tout l’héritage laissé par le défunt. L’accès de la maison est aussi interdit même aux enfants. Les traitements infligés à la veuve sont contraires à la loi d’amour enseignée par le Christ: «Je vous donne un commandement nouveau, c’est de vous aimer les uns les autres (Jean 13,33-34)»», a souligné le conférencier.
Selon les enquêtes menées par le Consortium, la pratique de ces maltraitances existe bel et bien dans tous les départements du Congo. La pratique du rite de séparation d’avec l’esprit du défunt époux appelé selon les départements «le Botutu» est obligatoire. Car, la veuve, si elle veut être libérée de cet esprit mauvais, doit avoir un acte coupable non consenti et non protégé avec un homme inconnu. Un tel cas peut produire de graves maladies, notamment le VIH-SIDA et autres maladies sexuellement transmissibles, avec des grossesses non désirées. Les choses ont beaucoup évolué, et certaines pratiques doivent être bannies en appliquant la loi sur le code congolais de la famille».
Pendant les échanges, les langues se sont déliées. Certains pensent que les populations doivent rester dans l’esprit de la lettre pastorale de Mgr Théophile Mbemba qui annonçait déjà la couleur à cette époque-là. Mme Nuptia Mbemba a estimé que le moment est venu d’agir contre ces mauvaises pratiques dégradantes. L’abbé Jacques Bouekassa a, quant à lui, indiqué que l’Eglise n’autorise pas ce genre de pratiques et rituels rétrogrades encore en vigueur dans certaines familles. Il faut se confier à l’Eternel et rester fidèle à l’esprit de la lettre de Mgr Théophile Mbemba.
C’est à travers un film documentaire que les participants à cette journée de réflexion ont été édifiés en suivant des témoignages des veuves qui ont subi de traitements dégradants et humiliants après le décès de leur époux.

Pascal BIOZI KIMINOU