Les férus de littérature avaient rendez-vous le mercredi 17 novembre 2021, dans la salle André Gide de l’Institut français du Congo (IFC) de Brazzaville. A l’occasion de la ‘’Rencontre littéraire’’ qui a mis à l’honneur le coup d’essai romanesque de James Gassongo: «Tuez-le-nous! Le couloir de la mort», paru cette année, à Saint Honoré Editions (Paris, France).

Livre stupéfiant et émouvant à la fois, «Tuez-le-nous! Le couloir de la mort», fâche et désole par les pratiques d’un autre âge qu’il met en exergue, lesquelles, hélas, hantent encore certains esprits.
Ce livre de 325 pages a pour personnage principal Ekela, un jeune qui, comme tous les autres vivant sous les tropiques dans des conditions difficiles, va connaître une ascension sociale. Malheureusement, il va finir par devenir la cible de gens mal intentionnés.
Parlant du roman de James Gassongo, Aubin Banzouzi, écrivain et critique littéraire, a relevé que le langage du récit est limpide et varié selon les contextes intradiégiétiques. «C’est un roman fleuve de 324 pages au texte aéré, donc favorable à la lecture. La tonalité générale du récit est tragique avec un champ lexicosémantique renvoyant à la mort. Le narrateur qui, dans l’incipit, utilise le «nous» collectif, se voit utilisé la première personne dans les autres séquences. Il est quelquefois un référentiel dans les différentes constructions dialogales du récit.
L’art narratif de James Gassongo est épisodique, chronologique et visiblement marqué d’imbrication. On a l’impression de lire à la fois, du point de vue stylistique, ‘’L’Antépeuple’’ de Sony Labou Tansi, ‘’Le Pleurer-Rire’’ de Henri Lopez, ‘’Jazz et Vin de palme’’ d’Emmanuel Dongala, ou ‘’Verre Cassé’’ d’Alain Mabanckou. Et pourtant, l’intrigue et les tournures phrastiques sont originales», a-t-il affirmé. Avant de faire l’étude onomastique de l’œuvre, d’en dégager l’intérêt philosophique ou anthropologique, et d’énumérer les figures rhétoriques utilisées par le néo-auteur.
Dans son mot de circonstance, James Gassongo a précisé que son livre ne fait pas l’apologie du crime. «Il est plutôt une dénonciation de ce que deviennent certaines sociétés…On parle d’une société, d’un pays imaginaire, mais les faits décrits dans ce roman sont ceux qu’on vit dans certains pays…Lorsque j’ai eu l’occasion de présenter ce roman un peu partout, notamment en France, j’ai pu comprendre que des frères africains, d’autres pays aussi, se retrouvaient dans ce qui est dit dans ce roman. C’est pourquoi je ne voudrais pas qu’on puisse l’enfermer dans le Congo, en disant que c’est une réalité congolo-congolaise et qu’on cherche à comprendre qui est quoi, non! En réalité, ce n’est pas l’apologie du crime. C’est plutôt une incitation, une dénonciation (…) J’ai voulu faire parler les sans-voix, comme on le dit. Lorsqu’on me pose la question de savoir pourquoi j’ai écrit, je dis, tout simplement, que c’était l’occasion qui m’était donnée de faire parler les sans-voix. C’était aussi une occasion qui m’était donné de raconter l’imaginaire et qui parfois se marie ou rencontre la réalité…», a affirmé l’auteur.
Né en 1966, James Gassongo a fait ses études au Congo.
Après l’obtention du baccalauréat série B (économie), il se rend en France où il suit une formation en comptabilité. Avant de poursuivre la formation en comptabilité anglo-saxonne en Angleterre où il commence également sa carrière de cadre comptable bilingue anglais français à Londres. Il occupera les fonctions de comptable, chef comptable et manager dans plusieurs structures en Angleterre. En 2002, il décide de quitter sa fonction de comptable au Parlement anglais pour rentrer dans son pays, où, depuis 2004, il évolue comme cadre financier comptable dans une société pétrolière.
Le livre est vendu à 17 000 F. CFA, à la FNAC et à la librairie Les Dépêches de Brazzaville.

Véran Carrhol YANGA