Une séance plénière relative aux questions orales avec débats au Gouvernement s’est tenue au Sénat, jeudi 17 mars 2022, dans le cadre de la 14e session ordinaire de cette institution. Les travaux étaient présidés par Pierre Ngolo, président de la chambre haute du Parlement.

Treize ministres étaient concernés par cette séance des questions orales avec débats qui a duré près de trois heures. Au total, dix questions ont été posées par neuf sénateurs. A la fin, seuls neuf ministres ont répondu aux questions portant, entre autres, sur la non organisation depuis 5 ans (2017-2022) des soutenances de mémoire des étudiants arrivés en Master II; des sessions de rattrapage alors que le système LMD prévoit l’organisation de celles-ci à des moments bien précis; le retard dans la publication des résultats de fin d’année, ce qui oblige certains étudiants de prendre les cours en année supérieure sans connaître leur sort et provoque la disparition des notes des étudiants. Des préoccupations soulevées par le sénateur Boniface Bouka, interpellant pour cela la ministre de l’Enseignement supérieur, Mme Edith Delphine Emmanuel Adouki, sur ces dysfonctionnements récurrents.
Quant au sénateur Victoire Foudi, il est revenu sur les inondations et des catastrophes naturelles à Pointe-Noire. Deux grands équilibres méritent d’être résolus, selon lui, avant la célébration du centenaire de la ville océane qui s’annonce grandiose. Il s’agit des sinistres occasionnés par les inondations des rivières Tchilouka et Tchimbamba qui mettent les populations des quartiers Tié-Tié, OCH, Saint-Pierre, KM4 et grand Marché dans une situation de précarité permanente, a-t-il fait savoir. Et la catastrophe provoquée par les ravins, notamment le grand ravin André Jacques, à Mont Kamba, un quartier de l’arrondissement 5 Mongo Mpounkou, qui a déjà endeuillé les populations riveraines.
Le mode de recrutement dans les maries et celui des enseignants volontaires au niveau de l’Enseignement primaire et secondaire, ainsi que le paiement de leur bourse, ont été les préoccupations soulevées par la sénatrice Odette Massoussa Kombila Mateo.
Bernard Mbatchi s’est interrogé sur les troubles qui perturbent la sérénité du cadre de travail dans les établissements scolaires à Pointe-Noire. «Comment éradiquer ces éruptions de violences interne?».
Le sénateur Ludovic Robert Miyouna a interpellé le ministre des Finances sur les jeux de hasard et d’argent qui constituent, selon lui, une activité économique qui génère de grandes recettes fiscales. Il a dénoncé la prolifération de sites de ces jeux qui, incontrôlés, mettent en difficulté la COGELO. «Comment réguler ce secteur d’activité?», s’est-il questionné.
La question de la tutelle de la banque postale du Congo était la préoccupation d’Antonin Molamou, adressée au ministre des Postes et des télécommunications. «Ailleurs, c’est une banque qui appartient à la poste. Si tel n’est pas le cas chez nous, pourquoi avoir maintenu ce nom et continuer de la loger dans les locaux de la poste?».
Après les préoccupations des sénateurs, les ministres se sont succédé sur le podium pour tenter de répondre aux questions posées. Jean-Claude Gakosso a fait état de la situation de 223 Congolais vivant en Ukraine. Il a indiqué que 171 d’entre eux, sont actuellement en France. «42 dans les familles et 10 dans le point central d’hébergement en Pologne. Ils sont pris en charge par le Gouvernement congolais qui a dégagé plusieurs ressources substantielles. Une soixantaine sont dissimulés dans les pays voisins de l’Ukraine et une vingtaine de Congolais, dont on est sans nouvelle, pourraient encore se retrouver bloqués en Ukraine», a expliqué le ministre des Affaires étrangères et des Congolais de l’étranger.
Afin de s’enquérir de leur situation académique, Jean-Claude Gakosso a fait savoir qu’une mission interministérielle se rendra en France et en Pologne dans les prochains jours.
De son côté, le ministre des Finances a reconnu les dysfonctionnements dans le secteur des jeux de hasard et d’argent. Il a promis réglementer ce secteur par la prise des textes. «Le travail est en cours depuis quatre mois. Nous devons être ferme sur ces vaches à lait fiscaux», a déclaré Roger Rigobert Andely.
Interpellée sur les dysfonctionnements constatés au niveau de la faculté de droit, la ministre Edith Delphine Emmanuel Adouki s’en est défendue. Pour elle, depuis 2017, les mémoires sont soutenus régulièrement à la faculté de droit. «Ce n’est qu’à partir de 2021 qu’il n’y a pas eu de soutenance en raison de la pandémie de la COVID-19», a-t-elle précisé.
Quant à l’organisation des sessions, la ministre de l’Enseignement supérieur a indiqué que depuis le 20 janvier 2022, le président de l’Université Marien Ngouabi a pris une circulaire qui rétablit la première session ainsi que la session de rattrapage.
S’agissant des résultats des sessions de l’année 2020-2021, elle a indiqué que ceux-ci sont disponibles pour le master I. «Actuellement, nous sommes en train de traiter les résultats de la session paire et les réclamations. Dès la semaine prochaine, nous allons aborder les résultats des deux sessions de l’année», a informé Edith Delphine Emmanuel Adouki, tout en affirmant qu’il n’y a jamais eu de disparition des copies des étudiants.
Répondant à l’interpellation sur l’absence des services postaux et financiers de la société des postes et de l’épargne du Congo (SOPECO) et sur la situation sociale des agents de cette entreprise, Léon Juste Ibombo a laissé entendre que la SOPECO continue de souffrir de maladie congénitale d’une entreprise héritant d’un passif lourd aggravé, d’une part, par la destruction et le pillage de ses nombreux bureaux de poste lors des événements socio-politiques, et, d’autre part, par la spoliation de son patrimoine.
A cette réalité, a-t-il poursuivi, «s’est ajouté le retrait de la gestion des chèques postaux avec la création de la banque postale dont les dividendes attendus n’ont, jusqu’à ce jour, été distribués».
Pour le ministre des Postes, des télécommunications et de l’économie numérique, la SOPECO connaît un déséquilibre entre les recettes et les dépenses de fonctionnement, des faibles subventions de l’Etat, ainsi que les salaires élevés de certains agents. «La crise sociale que traverse la SOPECO doit être résolue par le dialogue, et rien que le dialogue», a-t-il signifié.
En outre, il a reconnu que la banque postale n’est pas une banque de la SOPECO, mais plutôt du ministère des finances. «La SOPECO intervient à travers son immobilier. Nous attendons que la banque postale puisse accorder à la SOPECO la part qui lui revient», a-t-il martelé.

Cyr Armel YABBAT-NGO