Au cours d’une conférence de presse qu’ils ont coanimée le jeudi 17 mars 2022 à Brazzaville, Mathias Dzon, Jean Itadi et Clément Mierassa, trois leaders d’une partie de l’opposition congolaise, ont affirmé que la concertation politique d’Owando qui venait de se tenir du 3 au 6 mars dernier dans le département de la Cuvette a été un «fiasco». Ils ont, par conséquent, réitéré leur exigence d’un vrai dialogue inclusif pour «sauver le Congo».

Présentées comme une étape importante avant le double scrutin (législatives et locales) de juillet prochain, la concertation politique d’Owando entre le Gouvernement, les partis de la majorité, ceux de l’opposition et la société civile s’est transformée, estiment les trois leaders politiques, «en monologue pour distraire l’opinion nationale et internationale et faire croire à une décrispation du climat politique au lieu de rechercher des conditions d’organisation des élections crédibles, transparentes et apaisées». Ils ont indiqué, qu’à l’instar des concertations précédentes, celle d’Owando démontre «le refus obstiné du pouvoir à organiser des élections libres, compétitives et transparentes». Le résultat demeure le même, ont-ils fait savoir: «pérenniser un système éhonté de fraudes électorales mis en place depuis 2002». Ce qui a, d’ailleurs, conduit un des participants à cette mascarade de déclarer: «Le Gouvernement doit arrêter de nommer les députés».
Ces concertations, ont-ils poursuivi, ne cessent de reprendre à l’ordre du jour les mêmes points saillants: le recensement général de la population et de l’habitat, la biométrie, la révision des listes électorales, le plafonnement du financement des campagnes électorales, le découpage administratif et électoral et le renforcement de l’indépendance de la commission nationale électorale indépendante aurait pu aborder en profondeur les points cités ci-dessus qui minent notre démocratie.
Ces leaders de l’opposition pensent que le Gouvernement, par respect pour le peuple, aurait pu mieux économiser cet argent de la République, surtout dans la situation de crise multidimensionnelle et multiforme que traverse le pays. «250 délégués dont 220 membres du PCT et 30 alliés à la solde du pouvoir sont partis en balade touristique aux frais du contribuable congolais pour perpétuer les élections mal organisées émaillées de nombreuses irrégularités et de fraudes massive» ont-ils expliqué.
Ils ont souligné que la réforme en profondeur de la gouvernance électorale actuelle, objet prétendu de la concertation d’Owando et préalable à toute bonne élection, n’a malheureusement pas eu lieu. «Au contraire, le système électorale mafieux en vigueur depuis 2000 a été maintenu tel qu’il est sur certains points. Il a même été renforcé, comme, par exemple, le vote anticipé des militaires qui a été étendu à toutes les élections nationales», regrettent-ils.
Selon eux, les mesures appropriées qui auraient pu contribuer à corriger de manière significative la mauvaise gouvernance électorale n’ont pas été prises. Il s’agit, entre autres, de l’abrogation de la loi électorale partiale et bancale actuelle et l’élaboration d’une nouvelle loi électorale impersonnelle confiant l’organisation de l’ensemble du processus électoral à une commission électorale véritablement indépendante et impartiale; la détermination du corps électoral fiable, obtenu à la suite d’un recensement administratif spécial, réalisé d’accord-parties entre la mouvance présidentielle et la mouvance oppositionnelle; la mise en place d’une carte biométrique; la création d’un comité national de certification des listes électorales électorale, chargé de garantir la fiabilité de fichier électoral de base et des listes des électeurs; le respect du principe de la composition paritaire de différents organes du processus électoral à tous les niveaux; l’égal accès de toutes les sensibilités politiques aux médias publics et privés; la suppression du vote par procuration; l’interdiction stricte de tout élément d’une milice privée, d’une milice parallèle, d’un élément supplétif étranger à l’armée Congolaise, de participer à la sécurisation des élections; la suppression du vote anticipé des militaires. Ces mesures constituent, d’après ces leaders de l’opposition, des préalables à toute bonne élection. «Nous l’avons dit et répété: la seule et l’unique bonne solution pour sortir le Congo de la crise multidimensionnelle gravissime qui le plonge aujourd’hui, est la convocation sans délai, d’un vrai dialogue politique national inclusif, rassemblant sans exclusive, toutes les forces politiques et sociales de la nation.»

Pascal Azad DOKO