Regroupés au sein de la Plateforme de la société civile pour les droits humains et la démocratie (PDHD), des activistes des droits de l’homme ont exigé la levée de l’immunité parlementaire de Ninon Pachel Ngouamba, député de la 4e circonscription de Ouenzé, l’arrondissement 5 de Brazzaville. C’était à l’occasion de la conférence de presse coanimée le 17 mai 2022 dans la capitale par Trésor Chardon Nzila Kendet, directeur exécutif du Centre d’actions pour le développement (CAD), et Joe Washington Ebina, président de la Fondation Ebina.

Le député est accusé de «torture, coups et blessures volontaires, tentative d’assassinat et menace de mort» sur la personne du jeune Dorgeli Diabomba qui a dû se réfugier à l’étranger pour des raisons de sécurité et dont les parents étaient présents à la conférence de presse.
«A la demande de la PDHD, une plainte avec constitution de la partie civile a été déposée le 15 avril 2022 au 10e cabinet d’instruction du Tribunal de Grande Instance (TGI) de Brazzaville contre le député Ninon Pachel Ngouamba pour des faits présumés de torture, coups et blessures volontaires, tentative d’assassinat et menace de mort contre le jeune Dorgeli Diabomba, dans le quartier Moukondo, à Brazzaville, dans la circonscription du député. Un mois après le dépôt de la plainte, les organisations appellent à la levée de l’immunité parlementaire dont bénéficie ce député. Les faits allégués contre le député Ninon Pachel Ngouamba constituent des crimes et délits flagrants», a affirmé, dans son mot liminaire, Trésor Nzila Kendet.
Les activistes des droits de l’homme ont relevé que l’immunité parlementaire ne peut couvrir des faits commis par le député en dehors de ses fonctions de parlementaire. Ainsi, compte tenu de cette jurisprudence qui constitue un obstacle à l’ouverture des poursuites, un appel a été lancé aux autorités compétentes, particulièrement au Procureur de la République près le TGI de Brazzaville et au Procureur général près de la Cour suprême pour engager, immédiatement, la procédure de levée de l’immunité parlementaire dont jouit le député Ninon Pachel Ngouamba. Pour qu’il réponde des faits qui lui sont reprochés.
Rappel des faits: courant juillet 2019, Dorgeli Diabomba est arrêté par les agents du commissariat de Moukondo. Des témoignages précisent que cette arrestation serait commanditée par le député Ninon Pachel Ngouamba, prétextant que Dorgeli Diabomba serait membre d’un gang communément appelé «bébé noir».
Selon les informations recueillies et en possession des organisations des droits humains, la victime aurait reproché au député de n’avoir rien réalisé de toutes ses promesses faites lors de la campagne électorale.
Pendant sa garde à vue, Dorgeli Diabomba aurait été torturé devant ses parents par des policiers, avec la participation du député.
Des photos prises pendant et après cette séance de torture brandies à la conférence de presse, témoignent de l’ampleur des sévices subis par Dorgeli Diabomba. Qui, peu de temps après son élargissement aurait été enlevé, puis conduit discrètement à un endroit secret pour y être exécuté.
Craignant pour sa vie, le jeune supplicié a été contraint d’émigrer pour subir des soins. Tandis que ses parents, qui disent subir des menaces du député incriminé, ont été obligés de fuir le quartier voici de cela trois ans.
Après quelques démarches infructueuses auprès des pouvoirs publics, et ignorant les mécanismes de protection des droits humains, les parents de Dorgeli avaient, d’abord opté pour le silence. Avant de se rapprocher des organisations des droits de l’homme.
A signaler que les responsables d’autres organisations des droits de l’homme telles l’Association pour la promotion et la protection des droits des populations autochtones (ADPPA), le Cercle uni pour les droits de l’homme et culture de paix (CUDHOC) et l’Association d’action communautaire de base pour le développement du Pool (AACBDP) étaient présents à la conférence de presse.

Philippe BANZ