Ils sont nombreux à nous avoir souhaité un joyeux anniversaire. Vendredi 14 octobre 2022 à l’IFC (Institut français), où a eu lieu la conférence-débat organisée à l’occasion des 70 ans du journal, nous avons demandé à quatre d’entre eux leurs témoignages sur ‘’La Semaine Africaine’’. Dans les numéros à venir nous comptons publier d’autres déclarations. Nous n’oublions jamais que c’est pour les lecteurs – et surtout grâce à eux – que ‘’La Semaine Africaine’’ vit depuis soixante-dix ans.

*Idriss Bossoto, universitaire.

«J’ai connu ‘’La Semaine Africaine’’ étant enfant. Mes parents, des intellectuels, lisaient beaucoup ; ils étaient de grands lecteurs de la presse. C’est comme ça que j’ai découvert ‘’La Semaine Africaine’’. Plus tard, bien que n’en ayant pas les moyens, toutes les fois qu’on avait la possibilité de tomber sur l’hebdomadaire, on prenait la peine de le lire. Lorsque je suis arrivé à la FAC, notamment au département STC dont j’ai la charge aujourd’hui, j’avais tendance à utiliser ‘’La Semaine Africaine’’ comme document illustratif précieux en termes de bonne pratique journalistique. C’est-à-dire, lorsqu’on parlait de journalisme au Congo en terme de rédaction, de traitement de l’actualité, de genre rédactionnel, généralement pour illustrer nos devoirs, pour s’inspirer dans la rédaction, généralement on courait, on achetait le journal à 500 francs CFA. On essayait de l’analyser, d’étudier la titraille, la présentation de l’information, etc. De ce point de vue, pour moi, ‘’La Semaine Africaine’’ a été et reste toujours un très bon outil didactique pour l’apprentissage du journalisme »

*Joachim Mbanza, ancien directeur de ‘’La Semaine Africaine’’.

«Comment j’ai découvert ‘’La Semaine Africaine’’ ? Quand on était jeune chrétien, on connaissait déjà ‘’La Semaine Africaine’’. Dès le collège, j’entendais déjà parler de ce journal. Quand je suis entré au séminaire en 1978, on l’avait à la bibliothèque. Puis, quand j’étais étudiant à l’Université Marien Ngouabi, nous étions deux amis, avec Jean-Fidèle Mitouridi, à avoir quitté le séminaire pour la FAC des lettres et avions jugé nécessaire d’aller tourner du côté de ‘’La Semaine Africaine’’. Je mis les pieds dans le bâtiment actuel de ‘’La Semaine Africaine’’ un 15 octobre 1982. C’était la rentrée académique. On nous avait tout juste donné le calendrier académique et, pour «tuer» le temps, on est allé à ‘’La Semaine Africaine’’. Reçus par M. Mackiza, directeur, on est allé ensuite s’asseoir longtemps dans le bureau de M. Fulbert Kimina-Makumbu, journaliste sportif (qui nous a quittés depuis). Pendant ma formation à l’Université, je rédigeais des brèves nationales. M. Mackiza nous a découvert et encouragé. Père Christian, très intéressé à voir des étudiants à ‘’La Semaine Africaine’’ nous a intéressé à animer une rubrique qu’on appelait ‘’Mbanza et Mitouridi chez les artisans’’. C’est dans ces circonstances-là que j’ai intégré progressivement l’équipe de rédaction. Quand j’ai fini ma licence en septembre 1985, le journal m’a recruté. C’est allé très vite.
70 ans? C’est historique dans la sous-région, on dirait même sur le continent ! Il n’y a pas beaucoup de titres qui sont aussi vieux que La Semaine Africaine. ça part quand même de 1952 ! En pleine période coloniale. Père Jean Legall crée ce journal pour faire l’apostolat auprès de la jeune élite congolaise. Celle-ci avait donc un outil d’expression. Père Jean Legall avait été accusé par l’administration coloniale d’être un prêtre subversif tout simplement parce qu’il donnait la parole aux Africains, aux syndicalistes, aux intellectuels, etc., qui se préparaient à aller vers l’indépendance, parce que l’idée c’était la liberté, l’indépendance. Donc, quand on a travaillé dans un tel journal, c’est historique ; c’est une grande partie de moi. Ce n’est pas pour me jeter des fleurs : j’ai eu à diriger ce journal pendant la plus longue période (25 ans) de tous les directeurs qu’il a connus. J’espère que d’autres vont aller plus loin que moi. Mais voilà ! Je souhaite un bel anniversaire aux travailleurs de La Semaine Africaine pour les 70 ans de leur journal.»

*Clément Mierassa, homme politique

«J’ai commencé à lire régulièrement ‘’La Semaine Africaine’’ depuis que je me suis lancé dans la politique, donc autour des années 1970. D’abord parce que c’est, de tout temps, le journal le plus crédible de notre presse. Il a résisté à la force du temps, surmonté les obstacles en accompagnant le Congo de l’époque coloniale à son indépendance, puis jusqu’aujourd’hui. Il a relayé les plus grands événements du pays et de l’Afrique. Pour moi, il reste une bonne référence par sa qualité et sa longévité. J’ai particulièrement aimé les numéros de ‘’La Semaine Africaine’’ qui sont sortis peu avant et pendant la Conférence nationale souveraine et tout de suite après cet événement référence pour notre pays en 1991-1992. Je crois que ‘’La Semaine Africaine’’ a des archives qui doivent être bien gardées. C’est très important, car nous avons besoin d’une référence médiatique. ‘’La Semaine Africaine’’ mérite respect et considération, soutien aussi.»

*José Maboungou, intellectuel.
«La Semaine Africaine et moi c’est une longue histoire. Je lis ce journal depuis le début des années 1960-70 et j’ai grandi, littéralement, avec. Je continue sa lecture. Et puis je peux dire que je suis de la famille, puisque j’interviens comme collaborateur bénévole dans les colonnes du journal, je fais la restitution des livres, parfois mais un peu plus rarement, des commentaires politiques. C’est un des rares journaux où on peut s’exprimer librement, de façon indépendante »

(Réalisé par Guy-Saturnin MAHOUNGOU)