Les langues se sont déliées après l’élimination des Diables-Rouges au premier tour du CHAN (Championnat d’Afrique des nations) en Algérie. Journalistes et supporters cherchent des coupables. Dernier espoir avant l’explosion, les qualifications pour la CAN 2023 (Coupe d’Afrique des nations), sœur aînée du CHAN. En attendant le verdict, les amoureux du football congolais règlent leurs comptes.
Lors des deux dernières éditions du CHAN, au Maroc et au Cameroun, les Diables-Rouges avaient atteint les quarts de finale. Les Congolais en sont venus à s’imaginer que leur équipe nationale locale ne ferait pas moins cette fois en Algérie. Cet état d’esprit a été entretenu par les responsables et le staff technique. Malheureusement, les Diables-Rouges A’ ont réalisé une piètre performance: deux matchs, une défaite, un nul, aucun but marqué. Avec en prime un classement humiliant leur donnant la dernière place d’un groupe que les observateurs jugeaient pourtant abordable. «C’est un échec retentissant», n’hésitent pas à écrire des amateurs de surenchère.
Le fait est que le dénominateur commun à tous les échecs du sport congolais, et du football, en particulier, reste «un encadrement défaillant à divers niveaux, pour ne pas dire incompétence», pointe un supporter. Pour un analyste, «le football congolais est loin d’être guéri de ses maux endémiques. C’est le sentiment qui se dégage dans les milieux sportifs après cette élimination qui demeure, malgré tout, enveloppée de mystère.» Si personne ne revient sur le fait que l’équipe congolaise accuse des imperfections tant physiques, techniques qu’individuelles. La haute compétition ne pardonne pas: plusieurs brèches restent à colmater dans l’armature défensive qui a été trouée de part en part à Oran. Un échec retentissant, que les Congolais ont encore du mal à digérer. «Le mérite des dirigeants consiste précisément à mesurer les enjeux, à identifier les problèmes, à définir les moyens. Le rendez-vous était connu depuis des mois. L’incapacité de l’Etat, principal pourvoyeur des fonds, à trouver les moyens pour permettre aux techniciens d’exécuter le programme de préparation nous laisse perplexe», confie un autre analyste. «Au dernier moment, on a tenté de cacher le soleil avec la main, à travers le stage d’acclimatation d’une semaine à Tunis. Etait-ce suffisant, pour ne pas transformer ce Onze national en un épouvantail dans cette poule d’Oran ?», s’interroge-t-il.
On ne peut taire les conditions de voyage des joueurs, de Brazzaville à Oran, en passant par Tunis et Alger. «Ça été un calvaire», avoue un membre de la délégation congolaise ayant requis l’anonymat. Mais le staff technique, par contre, prend bien soin de taire l’affaire des primes non reversées aux joueurs, en leur demandant de ne pas en faire une priorité, mais de se concentrer sur leur travail. «Il est difficile pour des jeunes qui ont fait du football leur métier de contenir leur rogne. C’est une armée de soldats peu confiants qui avaient croisé le Cameroun, et cela on l’a payé cash», estime un internaute.
Le vin est tiré, il faut le boire. D’autres compétitions pointent à l’horizon. Tous les espoirs sont reportés notamment sur la double confrontation Congo-Soudan du Sud, matchs qualificatifs pour la CAN 2023 en mars prochain. Il y a déjà de l’électricité dans l’air. En cas d’échec, c’est tout un pays qui a fait du football le symbole de son énergie qui pourrait disjoncter.

Jean ZENGABIO