Ancien secrétaire général de la Conférence épiscopale du Congo (CEC), de 2001 à 2012 et actuel curé de la paroisse Sainte Face de Jésus de Faubourg, dans le 4e arrondissement Loandjili, doyen du clergé de Pointe-Noire, l’abbé Alphonse Taty Mboumba a accordé une interview à La Semaine Africaine dans laquelle, il invite les chrétiens à prendre au sérieux leur mission de témoins du Christ.

*Après dix ans passés à l’étranger, vous venez d’être nommé curé de la paroisse Sainte Face de Jésus. Que ressentez-vous?

**J’ai souvent eu la grâce de servir ailleurs, et après tant d’années passées à l’étranger, je suis rentré au bercail. J’ai été pour l’Eglise: «Prêtre Fidei Donum». C’est le titre et le thème de l’Encyclique publiée le 21 avril 1957, par le pape Pie XII, dans laquelle, il demandait aux évêques d’autoriser leurs prêtres diocésains à répondre aux appels des missions des autres Eglises ou diocèses, permettant donc aux prêtres diocésains d’exercer leur mission ailleurs, tout en restant attachés à leurs diocèses d’origines. Prêtre «Fidei Donum», je l’ai été en Italie, en Autriche et en France, dans les diocèses de Coutances et de Pontoise.

*Etes-vous satisfait de votre passage au secrétariat général de la Conférence épiscopale du Congo?

** En douze ans comme secrétaire général de la CEC (d’octobre 2001 à septembre 2012), j’ai fait beaucoup de choses. A ce titre, j’ai été emmené à assurer conjointement l’intérim du secrétaire général de l’Association des Conférences épiscopales de la région de l’Afrique centrale (ACERAC), au moment du décès de son secrétaire général, et celui du directeur national des Œuvres pontificales missionnaires (OPM) du Congo lorsque Mgr Bernard Nsayi était tombé malade. Au moment de mon départ en 2012, au cours de la passation de service, un des trois évêques délégués par la CEC m’a dit ceci: «Alphonse, je t’adresse mes félicitations pour le travail si précieux accompli. C’est rare pour un secrétaire général d’une telle structure de s’en aller sans reproche, au bout de quatre mandats d’affilés». C’est pour dire que je suis satisfait de mon passage au secrétariat général. Je laisse le soin aux autres et à l’histoire de juger mon bilan.

*Quelle lecture faites-vous des cinquante ans de la CEC?

** Ce jubilé d’or a eu pour thème: «Conférence épiscopale 50 ans au service de la mission: Allez donc, de toutes les nations faites des disciples». J’ai la même lecture que celle faite par l’abbé Brice Armand Ibombo, secrétaire général actuel, je cite: «En 50 ans d’existence, notre Conférence épiscopale a grandi, nous sommes passés de trois diocèses à neuf, avec neuf évêques diocésains dont trois archevêques, six émérites et trois Provinces ecclésiastiques». Je suis d’accord de la mission évangélique de la CEC comme le dis son secrétaire général: «les évêques réunis en conférence épiscopale n’ont fait qu’annoncer au peuple congolais tout entier, particulièrement aux fidèles catholiques du Congo, la joie de l’évangile, selon la mission reçue du Christ et selon les orientations du Magistère de l’Église». La célébration de ce cinquantenaire n’est qu’un nouveau point de départ pour la plus grande gloire de Dieu.

*En mai prochain, l’Eglise du Congo célèbrera ses 140 ans d’évangélisation. Pour quel bilan?

** Je suis un théologien eschatologue, aujourd’hui et plus que jamais mis en demeure de répondre à la question de foi que pose le théologien Pierre Grelot dans ses œuvres: «La mort, le jugement, le ciel ou l’enfer? Que peuvent signifier aujourd’hui les mots qu’emploient les chrétiens pour parler des fins dernières? Que peuvent-elles suggérer dans le monde contemporain?». Un autre théologien, Jacques Perret attire notre attention sur cette question en ces termes: «Le chrétien se sait à une vie sans fin. Serait-il déplacé d’y réfléchir? Ce qui s’accomplit là, mérite d’aimanter la vie présente». En tant que théologien, je dirais ceci: l’apôtre Jean identifie la vie éternelle avec la plénitude d’amour: «je leur ai fait connaître ton nom et je le leur ferai connaître pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux et moi en eux» (Jn 17, 26). Cette identification s’explique ainsi: vu que Dieu est amour (1 Jn 4,8), si la vie éternelle est la communion avec son être, elle ne peut pas avoir un autre contenu que l’amour.

* Vous venez de participer à la retraite spirituelle du Temps de l’Avent à Liambou. Que dites-vous?

** La retraite spirituelle à Liambou a été pour moi un temps fort spirituel, une sorte de désert, d’où j’ai puisé des forces spirituelles nécessaires, pour aborder comme il se doit cette nouvelle étape de ma vie presbytérale: mon retour au bercail dans le contexte du début de mon ministère dans cette belle paroisse «Sainte-Face» de Loandjili-Faubourg, Songolo, Siafoumu et Mongompuku: des quartiers populaires qui contrastent avec mes terres de mission en Normandie, dans le nord Cotentin et dans la région parisienne, dans le Val-d’Oise.

*Au regard des défis actuels, y a-t-il une urgence à organiser l’Assemblée spéciale des ouvriers apostoliques de Pointe-Noire?

** Le défi essentiel est l’unité du clergé. Pour le clergé, comme pour l’ensemble du peuple de Dieu, Fraternité et Synodalité demeurent un but à atteindre tous les jours. Le peuple de Dieu doit tout attendre de cette assemblée parce que c’est une chance inouïe pour notre archidiocèse de répartir sur de nouvelles bases. C’est une chance inouïe puisqu’un évêque qui arrive et qui commence par faire asseoir les gens, je pense qu’il faut la saisir, c’est valable pour le peuple de Dieu et surtout pour les prêtres.

*Mgr Miguel Angel Olaverri Arroniz sera bientôt admis à la retraite. Avez-vous un commentaire en tant que doyen du clergé diocésain?

** La nomination d’un évêque est un moment fort dans la vie d’un diocèse. C’est aussi l’occasion de prier pour ce pasteur appelé à être un témoin de foi et de charité au service de ses fidèles et de l’Eglise. Une manière de préparer son cœur à l’accueillir comme celui que le Seigneur a choisi pour le diocèse. Il faut attendre la nomination du nouvel évêque en veillant dans la foi. C’est dans la logique de ce qu’écrit Matthieu à propos de l’avènement du Seigneur: «Veillez, puisque vous ne savez pas quel jour votre Seigneur viendra» (Mt 24,42), comme pour dire: Veillez, puisque vous ne savez pas quel jour le nouvel évêque sera nommé par le Saint-Père. Veiller signifie vivre dans la foi, la repentance, l’amour et la Sainteté. Veillez, demeurez fermes dans la foi, soyez des hommes, fortifiez-vous (1 Co 16,13). Comme les Corinthiens, nous autres prêtres et laïcs, devons prendre garde de ne pas nous fourvoyer dans des discours partisans. Nous devons être fermes dans le Seigneur pour ne pas être ébranlés. Nous devons agir courageusement et avec force pour résister au diable.

Propos recueillis par
Séverin MOUCE
Correspondant de Radio
Vatican à Pointe-Noire