Il y a deux ans déjà, le Premier ministre avait annoncé l’intention de son Gouvernement de se réunir tous les trimestres dans le cadre d’un séminaire gouvernemental pour évaluer son action. Ce séminaire, le 6ème du genre, vient d’avoir lieu, du 15 au 17 mai 2023, sous le thème: «Autoévaluation de l’exécution du programme d’action du gouvernement». C’était sous l’autorité d’Anatole Collinet Makosso en personne.

Le séminaire a permis de maintenir les membres du Gouvernement face aux urgences des populations. Il était consacré principalement à l’auto-évaluation du Programme d’action du Gouvernement présenté le 21 juin 2021 par le Premier ministre devant l’Assemblée nationale.
Il s’est agi d’en relever les points forts, mais surtout les points faibles pour envisager les éventuels ajustements qui pourraient s’imposer. «Nous procéderons à cette autoévaluation en ayant comme boussole le Projet de société du Président de la République «Ensemble, poursuivons la marche», lequel s’exécute dans le cadre du Plan national de développement 2022-2026. Le Président de la République, nos compatriotes et nos partenaires extérieurs nous attendent, les regards rivés sur chacun d’entre nous”. Que leur dirons-nous au terme de ce séminaire?», s’est-il questionné.
Pour le Premier ministre, chacun des membres du Gouvernement a l’obligation de rendre compte, dans le périmètre des compétences de son département, de leur mise en œuvre ou bien de ce qui est en cours de réalisation. «Car, individuellement, et collectivement, le Gouvernement est comptable devant le Président de la République et le peuple congolais. L’obligation de résultat auquel le Gouvernement est tenu justifie le thème du présent séminaire», a-t-il dit.
Il a indiqué que les résultats obtenus dans la mise en œuvre du Programme d’Action du Gouvernement méritent d’être largement connus des Congolais. «D’une manière générale, avons-nous satisfait les attentes de nos compatriotes? Si oui, les résultats enregistrés sont-ils durables? Si non, quels ont été les obstacles à la réalisation des engagements que nous avons nous-mêmes inscrits dans notre programme d’action? En matière de santé, si la bataille contre la COVID-19 a été conduite avec détermination, au regard des connaissances du moment que nous avions de cette pandémie, avons-nous élevé le niveau de satisfaction de nos compatriotes en matière de qualité des soins de santé, d’accueil des patients dans les formations sanitaires, de coût d’accès aux soins et de prise en charge de toutes les pathologies dans notre pays? Comment avons-nous géré les fonds COVID? L’État étant une continuité, il nous revient de rendre compte au peuple des résultats et des efforts qu’il a consentis avec l’aide des différents partenaires. Les choix économiques que nous avons faits nous ont-ils protégé des chocs multiples que l’économie mondiale connait depuis la survenance de la pandémie à corona virus, la guerre russo-ukrainienne, les effets du changement climatique?», s’est interrogé.
Anatole Collinet Makosso a fait savoir que le Congo a rétabli des relations normales avec tous ses partenaires techniques et financiers, en particulier avec le Fonds Monétaire International (FMI) dont une mission séjourne présentement à Brazzaville pour la conduite de la troisième revue de l’exécution du programme économique et financier du Gouvernement. «Notre pays a pu renouer avec la croissance économique dont le taux se situe en territoire positif, certes grâce à la bonne tenue des cours du baril de pétrole mais aussi grâce aux choix que nous avons fait de promouvoir le secteur hors pétrole, notamment en mettant en place des mécanismes de facilitation en faveur de la promotion du partenariat public-privé, en faveur de la petite et moyenne entreprise ainsi que de l’artisanat et pour la transition des activités du secteur informel vers le secteur formel», a-t-il affirmé.
Conscient du fait que les retombées des choix économiques se manifestent dans le temps, le Premier ministre est resté, s’est à nouveau interrogé: «Sommes-nous sur la bonne voie? Y a-t-il de nouvelles impulsions à donner pour aller plus vite et plus loin? Avons-nous véritablement créé les conditions pour l’amélioration du climat des affaires en vue d’attirer les investisseurs privés nationaux et étrangers? La diversification de notre base de production des biens et des services, hors secteur pétrole, est-elle en bonne voie? La gestion de nos finances publiques permet-elle de dégager des marges susceptibles de prendre en charge correctement, régulièrement, durablement et complètement les obligations en matière de pensions de retraite, de bourses des étudiants, des filets sociaux, de santé, d’éducation? Avons-nous fait des progrès dans l’assainissement de nos villes? Et où en sommes nous de nos Zones économiques spéciales et de nos Zones agricoles protégées, véritables éléments de la diversification de l’économie et générateurs d’emplois. Il y a quelques semaines, notre pays accueillait à Pointe-Noire une croisière de plus de 150 touristes venus visiter le parc de Conkouati et le week-end dernier la 11ème édition du FESPAM a été lancée à Sibiti. Quels progrès accomplissons-nous dans le secteur de la culture et du tourisme? Les ambitions que nous avons en matière d’encadrement et d’éducation de la jeunesse sont-elles satisfaites? Des avancées ont-elles été enregistrées dans la lutte pour l’éradication de l’insécurité dans nos villes et villages et dont se plaignent nos concitoyens? Et que dire de la sécurisation de nos frontières? Quel est l’état de notre démocratie, lorsque l’on observe des dérives graves, des tentatives d’insurrection, dans les pays réputés être traditionnellement des grandes démocraties et devant la perversion de l’information, par la prolifération des ”fake news” véhiculés sur les réseaux sociaux? Où en sommes-nous en matière de gouvernance, de lutte contre les antivaleurs? Tels sont quelques-uns des questionnements auxquels nous allons devoir apporter des réponses».
Au cours de ce séminaire, «nous veillerons à faire le point de la situation économique et financière du pays au premier trimestre de cette année, ainsi que celui de l’exécution du budget, afin de prendre la mesure de nos capacités réelles de financement; évaluer la mise en œuvre des recommandations du cinquième séminaire gouvernemental et des orientations prises en début d’année, en veillant à la discipline budgétaire, sur la base des évaluations de chaque département, notamment en termes des objectifs que chacun s’était fixé, des ressources reçues, des résultats obtenus ou pas; convenir des mesures à prendre en vue de garantir la conclusion de la troisième revue du programme économique et financier avec le FMI; évaluer le niveau d’exécution du Plan national de développement 2022-2026; rendre compte de la mise en œuvre du Plan de résilience; entamer le débat sur la construction de la conscience nationale. Ces thématiques, nous interpellent sur l’efficacité de notre action individuelle et collective et appelle des réponses immédiates. L’efficacité doit nous imposer le réalisme et le courage d’apporter les ajustements à nos ambitions, en tenant compte du contexte qui nous est souvent imposé de l’extérieur, en raison de l’étroitesse de notre base économique», a-t-il poursuivi.
Le Premier ministre a insisté sur la construction de la conscience nationale. «Il est vrai que l’émergence d’une conscience nationale est le résultat de nombreux facteurs qui tiennent tant à l’évolution historique qu’aux faits sociologiques et anthropologiques. Cependant, dans le contexte actuel où la perte de l’éthique fait le lit des antivaleurs dans la société congolaise, il est urgent de réfléchir aux voies et moyens de construire un sentiment fort, collectivement partagé, d’appartenance à une même réalité sociale qui est portée par l’État. Chez nous, la réforme de l’État, d’où sortiront des organes et des mécanismes fédérateurs, est assurément l’instrument politique de construction d’une conscience nationale qui transcende les particularismes ethnocentriques ou partisans. Nul doute que ce faisant, de la réforme de l’État sortira une administration publique réellement nationale par ses modes de fonctionnement et par la conscience des agents de l‘État des notions de service public et de bonne gouvernance», a-t-il déclaré.
Il s’est dit confiant en la capacité du Gouvernement à surmonter tous les défis qui se dressent devant lui et à accomplir l’œuvre nationale que le Président de la République, lui a assignée.

Cyr Armel YABBAT-NGO