L’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH) a publié un rapport de situation sur l’exploitation des ressources naturelles au mépris des normes environnementales et du bien-être des communautés locales et des autochtones de Souanké. Ce rapport est intitulé «Exploitation minière dans la Sangha, Congo Brazzaville: pillage à huis clos au mépris des droits humains et de l’environnement». C’était au cours d’une conférence de presse animée par Franck Chardin Aubin Tchibinda, directeur exécutif de l’OCDH, le 21 août 2023 à Brazzaville. La situation préoccupante que connaît actuellement le district de Souanké sur la répression minière et forestière menée par les exploitants chinois et ouest-africains résulte d’une faille de gouvernance flagrante au sein de l’Etat, a confirmé le directeur exécutif de cette organisation.

Le rapport a été élaboré sur la base des investigations menées sur le terrain et les échanges avec certains responsables administratifs depuis le mois de novembre 2022. Les révélations faites montrent que la toile de fond du pillage environnemental et social réside en partie dans une faillite de l’Etat. Les institutions compétentes, chargées de veiller à la régulation, à l’organisation, au contrôle et même à la répression des activités minières et forestières, semblent avoir abdiqué leurs responsabilités. Il y a la complicité de certaines autorités des pouvoirs qui détiennent des parts dans les entreprises exploitant les ressources naturelles. Pourtant la loi prescrit formellement que tous les responsables de l’Etat n’ont pas le droit de détenir des parts dans les entreprises publiques et privées. Cette exploitation anarchique entraîne des conséquences. Les forêts sont dévastées, les écosystèmes perturbés, et les populations locales et autochtones, autrefois en harmonie avec leur environnement, subissent présentement les dommages collatéraux de cette anarchie.
Le conférencier a relevé que ce pillage favorise principalement les entreprises chinoises et ouest-africaines. Pour maximiser leurs profits à court terme, les acteurs ignorent ostensiblement les normes réglementaires en vigueur. Franck Chardin Aubin Tchibinda a insisté que la situation est d’autant plus préoccupante que les droits économiques, sociaux et culturels des populations sont violés de manière flagrante. Cette situation nécessite des mesures et des initiatives correctives. Ainsi, l’OCDH a formulé une série de recommandations, dont entres autres, au Gouvernement de rendre public sur un site web dédié tous les permis d’exploitation accordés aux sociétés minières et forestières dès leur attribution; aux organisations de la société civile d’organiser des programmes de formation intensive des leaders communautaires des communautés locales riveraines des sites d’exploitation minière et forestière à l’élaboration et au suivi de la mise en œuvre des cahiers des charges sociales et de développement des localités concernées ; aux sociétés d’exploitation minière et forestière de se conformer à la législation en vigueur en matière d’exploitation minière et forestière et de préservation de l’environnement; à la communauté internationale, y compris les partenaires techniques et financiers du Congo de prendre des mesures et des initiatives appropriées pour empêcher l’importation vers l’Europe, l’Asie et l’Amérique des produits miniers et forestiers issus de la dégradation irréparable de l’environnement et des forêts.
A noter que le directeur exécutif de l’OCDH a promis de disséminer le rapport auprès de l’administration publique et aux partenaires du Congo.

Ph. B.