Il y a eu, dans l’année 2019 qui vient de se refermer, beaucoup d’images que l’on pourrait retenir comme images de l’année. Elles sont nombreuses et n’invitent pas toutes à la gaîté ni à l’optimisme. Mais elles sont pour beaucoup d’entre elles des symboles de la bonne ou mauvaise santé du sport africain.
Qu’on retienne seulement cette image d’Eliud Kipchoge d’un symbolisme fort. L’athlète kenyan de 35 ans et au palmarès hors norme, déjà détenteur du record du monde du marathon en 2h01’39’’ en 2019, est devenu le premier homme à parcourir les 42km de cette course sur macadam en moins de deux heures. En effet, il les a parcourus en 1h58’40’’ le 12 octobre à Vienne (Autriche). Un nouveau record mondial non homologué par la Fédération internationale des associations d’athlétisme (IAAF) en raison des conditions particulières de cette course. Hélas! dirait-on. Il n’empêche. La radio BBC lui a décerné en décembre le prix de la personnalité sportive de l’année, et l’IAAF, un mois auparavant, l’a récompensé également pour son année exceptionnelle.
Qu’on retienne aussi la victoire de la sélection d’Afrique du Sud de rugby appelée ‘’Springboks’’. Elle a décroché le 2 novembre le titre de champion du monde. Le troisième (après 1995 et 2007) de son histoire, en terrassant (32-12) l’Angleterre en finale. Pourtant elle avait entamé son parcours par une défaite face aux All Black. Elle a fini par monter en puissance au cours de ce Mondial organisé au Japon qu’il a remporté.
Qu’on se souvienne aussi des basketteurs africains évoluant en NBA (le plus grand championnat professionnel au monde), dont un Congolais nommé Serge Ibaka, qui ont fortement contribué au premier succès des Raptors de Toronto (Canada), première équipe non-américaine à remporter la finale de la NBA. Pour ce titre, Serge Ibaka a été invité spécialement à Brazzaville par l’ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique au Congo qui l’a reçu en sa résidence le 12 août. Le diplomate américain l’a présenté en modèle, pour la jeunesse congolaise…
Qu’on se rappelle des exploits de deux footballeurs africains évoluant en Angleterre, notamment à Liverpool: le Sénégalais Sadio Mané et l’Egyptien Mohamed Salah. Co-meilleur buteur du championnat anglais, ils ont aussi remporté la Ligue des champions européenne et lz super-ligue des champions. Ils ont été sans conteste décisifs pour leur équipe. On attendait leur consécration pour le Ballon d’or d’Europe, surtout Mané, mais il leur a échappé à la surprise d’une partie de l’opinion sportive internationale.
Qu’on se rappelle aussi la retraite sportive annoncée par l’un des meilleurs footballeurs du monde, le Camerounais Samuel Eto’o, à l’âge de 38 ans.
En jetant un regard sur le rétroviseur, on admire son palmarès. Sa gibecière est pleine: victoire aux Jeux Olympiques en 2008 et deux Coupes d’Afrique des nations (2000 et 2002) avec le Cameroun; trois fois vainqueur de la Ligue des champions d’Europe avec le FC Barcelone (2006 et 2009) et l’Inter de Milan (2010); quatre fois élu Joueur africain de l’année.
Qu’on se rappelle encore le défi de l’organisation que s’est proposé de relever l’Egypte. Ce pays a accepté d’accueillir au pied levé la 32e édition de la Coupe d’Afrique des nations de football, pour remplacer le Cameroun écarté par la CAF en raison du retard dans la préparation des infrastructures et de la situation sécuritaire précaire. Pour une CAN à 24 équipes, l’Egypte a réussi son pari.
Mais qu’on se souvienne aussi des très graves dysfonctionnements qui ont tourmenté la CAF et menacé sa crédibilité. Son président, Ahmad Ahmad, interpellé à Paris par la police judiciaire française, début juin, pour une affaire de corruption présumée et de harcèlement sexuel. Ce qui a conduit, entre autres, à la mise sous tutelle de l’instance par la FIFA qui a nommé la secrétaire générale Fatma Samoura déléguée auprès de la CAF.
Mais qu’on se souvienne surtout des déboires des sélections africaines, toutes disciplines confondues, dans les compétitions mondiales: du football au volley-ball, en passant par le basket, le judo, l’athlétisme, le handball, etc. Il y a longtemps qu’une telle situation s’était produite.
Joie et larmes mêlées au cours de cette année. C’est le symbole d’un sport africain qui marche vers son destin.

Jean ZENGABIO