L’un des co-fondateurs en 1993 de l’orchestre Extra Musica, le batteur Ramatoulaye a décidé, en décembre dernier, et contre toute attente, de quitter le navire dont le capitaine est Roga Roga (Rogatien Ibambi Okombi à l’état civil). Avec d’autres dissidents, notamment le guitariste Sonor Digital, l’animateur Zaparo, le claviériste Obama, les chanteurs Levy, Kasumbalesa, Dido, etc., ils ont mis sur pied le groupe Extra Musica Nouvel Horizon qui se claquemure actuellement au studio D.M.

Records, dans la capitale congolaise, pour préparer un opus prévu pour paraître courant ce mois. Peu loquace, celui dont le nom à l’état civil est Ramatoulaye Ngouolali s’est prêté à nos questions. Il explique la cause de son départ d’Extra Musica par une révolte, un ras-le-bol. Interview.

*Ramatoulaye, vous êtes l’un des co-fondateurs d’Extra Musica. Après plus de 25 années passées dans le groupe, vous avez décidé, contre toute attente, de débarquer du navire. Quelle est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase?
**En fait, on ne s’entendait plus bien dans le groupe. L’ambiance était devenue morose, malsaine. Il y avait trop de coup bas, trop d’injustices; on était soumis au diktat d’une seule personne. Ce qui n’est pas normal. Voilà pourquoi on a jugé mieux de partir.

*Vous parlez de diktat, d’injustices, pouvez-vous être plus explicite?
**On faisait un travail dont on ne récoltait pas les fruits escomptés. On était soumis à la volonté d’une seule personne qui faisait tout à son gré. Je suis quand même cofondateur du groupe, quand on achetait par exemple des voitures aux membres du groupe, on ne me prenait pas en compte, j’étais marginalisé. On n’était pas bien payé…Bref, on en avait ras-le-bol. Du coup, on a pris la résolution de partir. Après tout, on est assez grands pour voler de nos propres ailes.

*Que répondez-vous à ceux qui disent que quitter Extra Musica est un rêve que vous caressiez depuis longtemps? Et puis, chose curieuse tout de même, vous avez décidé de partir au moment où le patron du groupe était en voyage en France…

** C’est faux de dire que c’est un coup que nous planifions il y a longtemps. Il faut simplement dire que c’était un plan de Dieu. Il était temps qu’on quitte le navire pour voler de nos propres ailes. Et puis, quand Roga Roga est parti en France, il y avait déjà des problèmes, la maison était déjà en feu. S’il avait été sage, avant de voyager, il aurait fallu faire de son mieux pour qu’on aplanisse les divergences. Mais il est tellement imbu de sa personnalité qu’il n’en pas tenu compte. Conséquence: après son départ, la bombe a fini par exploser.

*On sait qu’il y a eu des tentatives de réconciliation, de négociations, non?
**C’est vrai, mais le mal était tellement profond que moi, personnellement, j’ai refusé de jouer le jeu. Je préfère crever de faim que de continuer à vivre des brimades, des injustices. Ce n’est pas bien d’être hypocrite.

* Votre premier test grandeur nature, c’était le concert que vous avez donné le premier jour de l’an, à Nkombo, dans l’arrondissement 6 Talangaï. Comment les choses se sont-elles passées?
**Le moins que l’on puisse dire est que c’était une réussite. En tout cas, tous ceux qui étaient là n’ont pas été déçus de la prestation qui leur a été offerte. Le spectacle a tenu toutes ses promesses, parce que c’est une affaire de Dieu.

*Le deuxième test, c’est l’opus que vous comptez publier, que vous avez dénommé Choc. Est-ce par rapport à ce que vous avez vécu dans Extra Musica ou cela a une autre signification?
** Choc, justement, c’est par rapport à ce qu’on a vécu dans notre désormais ex-groupe. En fait, notre départ d’Extra Musica est le résultat d’une révolte, d’un ras-le-bol. On a supporté, supporté et ça a fini par exploser. Tu sais, même dans un couple, la femme ne divorce pas pour un problème d’un jour. Mais c’est la conjugaison de plusieurs problèmes.

*Choc est un opus de combien de titres?
**Il comprendra trois chansons dont un générique.

*Vous aviez annoncé qu’il serait sur le marché avant les fêtes de fin d’année. Que s’est-il passé, finalement, pour qu’il ne sorte plus?
**C’est vrai, on devait le publier avant les fêtes de fin d’année, mais nous avons connu quelques petits soucis qui ont retardé sa sortie. Zaparo, par exemple, qui est une pièce maîtresse du groupe était en voyage à l’étranger. Il fallait attendre son retour. Et puis, il faut qu’on livre au public un produit de très bonne facture. Il ne faut pas que nous soyons pressés, au risque de ne pas donner pleine satisfaction à nos fans.

*Pourquoi avoir choisi comme nom Extra Musica Nouvel Horizon?
**Extra Musica, c’est parce que j’en suis l’un des cofondateurs. Nouvel Horizon, c’est pour marquer une nouvelle ère, une nouvelle vision, une nouvelle façon de voir les choses. Il s’agit de laisser toutes les mauvaises choses qu’on a connues dans le groupe où nous étions, les injures, les brimades, etc. Nouvel Horizon, donc, on doit travailler avec des contrats, chacun doit être payé comme il se doit. Il ne s’agit plus de payer les gens par rapport à l’humeur de quelqu’un. Un bon matin, tu peux te réveiller et décider de ne pas payer le dû de quelqu’un ou lui donner moins que ce qu’il mérite, sans avoir à rendre des comptes à qui que ce soit. Ce n’est pas normal.

*Comment est structuré votre groupe?
**A vrai dire, pour l’heure, le groupe n’est pas encore structuré, comme tel. Pour le moment, moi et Sonor conduisons le navire. On attend de finir d’abord notre opus et puis, on verra le reste.

*Pour finir, qu’avez-vous à dire à vos fans?
**Nous leur demandons de soutenir leur groupe. Ils ne seront pas déçus, qu’ils attendent leur opus qui sera sur le marché d’ici le 15 janvier prochain. Nous bossons dur pour les contenter. L’opus est composé de belles chansons. En tout cas, je ne sais pas si là où nous étions, nous avions composé ce genre de chansons. Les petits ont très bien chanté, avec des voix angéliques, c’est un opus qui promet des étincelles.

Propos recueillis par
Véran Carrhol YANGA