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AFRIQUE DU SUD : Hommage au prince zoulou Mangosuthu Buthelezi

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Le prince zoulou Mangosuthu Buthelezi

Figure de la lutte anti-apartheid, le prince Mangosuthu Buthelezi s’en est allé. Il est décédé samedi 9 septembre 2023 à l’âge de 95 ans. Fondateur du parti de l’Inkhata, il fut un homme politique incontournable, un pilier de l’histoire de l’Afrique du Sud. Malgré un passé controversé, l’ensemble de la classe politique sud-africaine salue la mémoire de celui dont la carrière est qualifiée d’héritage complexe. Tous se souviennent de sa relation belliqueuse avec l’ANC et de sa défense sans concession de la nation zouloue.

Le président Cyril Ramaphosa a salué la mémoire d’un formidable leader qui a joué un rôle important dans l’histoire de l’Afrique du Sud pendant sept décennies. Le Congrès national africain (ANC), par la voix de son porte-parole Mahlengi Benghu-Motsiri affirme qu’avec Buthelezi disparaît probablement la dernière grande figure des années de lutte contre l’apartheid.
Nationaliste zoulou, Mangosuthu Buthelezi avait fondé le parti de l’Inkhata pour défendre les intérêts de son ethnie et de son roi, au point de s’opposer violemment à l’ANC, l’ancien mouvement de libération devenu actuellement le parti au pouvoir. Premier ministre traditionnel zoulou de 1968 à sa mort, il a profondément marqué la province du KwaZulu-Natal, qu’il a dirigée quand la région était un bantoustan. Pour Christopher Pappas du parti Alliance démocratique, maire dans cette province, Buthelezi était incontournable «à la fois politiquement et culturellement».
Ministre de l’Intérieur sous Nelson Mandela, le prince Mangosuthu Buthelezi a souvent été accusé d’avoir collaboré ou été un allié du régime raciste. A la fin de l’apartheid, il négocie avec le régime ségrégationniste pour que le roi possède les terres de l’ancien bantoustan, cette région dessinée pour isoler les Noirs en fonction de leur ethnie.
Après les violences entre militants de l’Inkhata et leurs opposants qui s’intensifient au milieu des années 1980, Mandela et Buthelezi se rencontrent en janvier 1991, une première en douze ans, et appellent à la fin des affrontements et à la tolérance politique. Mais dès l’année suivante, des militants Inkhata, soutenus par les forces de sécurité de l’apartheid, commettent de nouvelles violences à Johannesburg et au Kwazulu Natal, province historique du peuple zoulou.
Fondé en 1975, le parti de l’Inkatha Freedom (IFP) est initialement envisagé comme une organisation culturelle zouloue. Le mouvement a mené des guerres territoriales sanglantes avec les militants de l’ANC dans les années 1980 et 1990. Ce redouté parti est à l’origine de violences sanglantes en Afrique du Sud avant les premières élections multiraciales en 1994.
Jusqu’à sa mort, et malgré sa longévité qui inspire respect, Buthelezi est resté une figure incontournable de la politique sud-africaine, veillant sur les intérêts des zoulous, l’ethnie la plus importante de son pays.

Aristide Ghislain NGOUMA

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