Les investissements en faveur des enfants et le respect de leurs droits sont parmi les moyens les plus efficaces d’éliminer la pauvreté. C’est le credo du Réseau des intervenants sur le phénomène des enfants en rupture (REIPER) qui a organisé à Brazzaville du lundi 3 au vendredi 7 février, une formation de Top vente au profit de 11 femmes vulnérables, avec l’appui de l’Institut européen de coopération et de développement (IECD), une ONG française.

La formation, principalement animée par Noël Ngoma Tsita, formateur à l’IECD, a eu pour objet d’amener les onze femmes à bien gérer leurs activités génératrices de revenus (AGR), à l’issue de leur apprentissage auprès des maîtres artisans.
Leur niveau d’instruction n’étant pas élevé, le formateur a usé d’une pédagogie basée sur les échanges et le photo-langage (supports imagés). Grâce à cette méthode, elles ont appris et assimilé quelques outils nécessaires en matière de gestion, comme connaître ses forces et faiblesses dans la conduite d’une activité; connaître ses produits ou services et ses clients; connaître les étapes de la vente et valoriser ses produits; conclure une vente; organiser son activité et réduire ses coûts; planifier et maîtriser son budget; analyser la planification du budget de son foyer et de son activité; fixer les prix et calculer la rentabilité de son activité et faire le suivi de ses ventes et de ses dépenses à l’aide des outils de gestion de base. Nanties de tous ces outils basiques, elles sont désormais à même de mieux gérer leurs activités économiques.
Elles pourront ainsi, avec responsabilité, satisfaire les besoins de leurs progénitures (alimentaire, vestimentaire, ludique, etc.); tout comme elles pourront assurer leur droit à l’éducation, en l’occurrence son exercice de façon progressive, sur la base de l’égalité des chances. «Les Etats parties reconnaissent le droit de tout enfant à un niveau de vie suffisant pour permettre son développement physique, spirituel, moral et mental.
C’est aux parents ou autres personnes ayant la charge de l’enfant qu’incombe au premier chef la responsabilité d’assurer dans les limites de leurs possibilités et de leurs moyens financiers les conditions de vie nécessaires au développement de l’enfant», stipule l’art. 27 de la Convention relative aux droits de l’enfant en ses alinéas 1 et 2.
Les femmes, qui ont été sélectionnées pour la formation, sont issues des familles vulnérables. Celles-ci sont au cœur du projet «Appui au développement des actions de prévention et d’assistance aux enfants vulnérables» (ADAPAEV), financé par l’Union européenne, afin qu’elles prennent, elles-mêmes, soins de leurs enfants. «Il nous est impossible de concevoir notre rôle vis-à-vis de l’enfant sans impliquer la famille, car l’enfant se construit avec sa famille. Celle-ci contribue et participe à son bien-être et à son éducation au quotidien. Lorsque la mère met son enfant au dos, ce n’est pas pour l’emmener se promener, mais c’est pour le garder dans un environnement propice et sécurisé», a dit Joseph Likibi, coordonnateur du REIPER. Avant de préciser: «Nous formons professionnellement les mères de famille vulnérables et nous allons les appuyer à la mise en place d’activités génératrices de revenus, pour prévenir les difficultés éducatives en prenant appui sur les familles qui sont des écoles fondamentales de la vie sociale, et créer les conditions permettant aux parents de mieux éduquer leurs enfants et de répondre à leurs besoins.»
Remerciant le REIPER et le formateur, les participantes se sont dites très satisfaites de la formation. «J’étais ignorante et mon niveau des plus bas. Mais avec la formation reçue, je vais pouvoir bien gérer les revenus de mon atelier. Je souhaite que le REIPER que continue avec ce genre de formation pour que d’autres femmes puissent en bénéficier. Avec cette formation, je suis maintenant une femme au milieu d’autres», a témoigné Marie Josée Ngawana, apprentie en coupe et couture. Même note de satisfaction chez Lydie Jacqueline Ndoundou, apprentie maraîchère: «Grâce à la formation, je vais pouvoir bien gérer mes revenus, m’occuper de mes enfants et pourvoir à leurs besoins vitaux».
Le soutien à l’autonomie de la femme vulnérable (cheffe de famille monoparentale) lui permet d’avoir une vision positive d’elle-même, de retrouver sécurité et confiance, estime Ferdinand Ngatani. Elle devient résiliente et met ainsi fin à tout sentiment d’impuissance, de peur intense, d’irritabilité et de peur de prendre de risques. Soulagée, elle peut développer certaines qualités comme l’estime de soi et le sens des responsabilités. L’insertion professionnelle lui donnant donc droit à une vie digne, elle pourra envisager et ensuite concrétiser un avenir avec ses enfants; ce qui, en pratique, peut contribuer à réduire fortement la pauvreté. «Je suis très apte maintenant à bien gérer mes activités. Je pourrai désormais assurer les droits à l’éducation, à la nourriture et à la santé de mes enfants», a indiqué Octavie Laurette Matsimouna, apprentie en coiffure.

Viclaire MALONGA