Après la première vague des sportifs les plus célèbres des soixante dernières années, La Semaine Africaine met en scène la seconde. Ils sont restés populaires bien qu’ayant mis fin à leur carrière. Pour les lecteurs qui l’ont demandé, le talent, la performance individuelle ou collective, la longévité et l’aura sont les critères qui ont présidé à leur choix.
Tout à côté du Stade Massamba-Débat se dresse un gymnase portant le nom de Henri Elendé. Ce fut un sauteur en hauteur grâce à qui le Congo ne sera jamais un pays anonyme dans l’histoire des grands rassemblements continentaux. En effet, il a donné au pays sa première médaille d’or avant l’avènement des Jeux africains. Ce fut d’ailleurs l’unique du pays lors des Jeux de l’Amitié, à Abidjan (Côte d’Ivoire), en 1961. Il arracha la médaille du même métal lors des jeux suivants, à Dakar (Sénégal). Puis il fut choisi pour lire le mot de l’athlète aux Jeux africains de 1965 à Brazzaville au cours desquels il remporta la médaille d’argent dans sa discipline.
Le gymnase du Centre sportif de Makélékélé porte l’illustre nom de Maxime Matsima (décédé en 2003 à 63 ans), une légende du football et d’athlétisme. Gardien de but de l’épopée victorieuse des Diables-Rouges à la CAN 1972 au Cameroun. Son talent lui valut aussi une place au sein de la sélection d’Afrique aux Jeux Afro-latino-américains de Guadalajara (Mexique) en 1973. Sportif multisports, Maxime fut aussi un athlète performant: 4 médailles d’or (Saut en longueur et triple saut) lors des deux premières éditions de la Coupe des Tropiques, à Bangui (1962) et à Yaoundé (1964).
On peut être moins performant, mais célèbre. C’est l’exploit qu’a réussi dans les années 1970 un certain Nkoua, dit ‘’Vieux Manoir’’, un coureur cycliste atypique. Jamais vainqueur, toujours dernier, mais quelle popularité! Amuseur de foule, il constituait un spectacle dans le spectacle qu’est la petite reine. Jeunes, adultes, vieux, enfants, hommes et femmes se précipitaient sur la route à son passage, pour l’encourager.
Avant Anaclet Wamba, Eugène Kimbembé ‘’L’Enfant’’ (décédé le 7 février 2020 à Paris, à 75 ans) fut le pugiliste le plus populaire. Au temps de sa splendeur, le monde du noble art tremblait de peur. Une peur justifiée par ses ravages sur les rings.
Place aux footballeurs ! François M’Pelé était un percutant avant-centre et un sacré buteur. C’est en partie grâce à ses exploits que le Congo a remporté son unique Coupe d’Afrique des nations en 1972. Il a passé la majeure partie de sa carrière et marqué une multitude de buts à la pointe des attaques d’Ajaccio, du PSG, du RC Lens et de Rennes. Aucun Congolais n’y a eu son envergure.
Bagamboula-Mbemba ‘’Tostao’’ n’est plus à présenter. Il y a des joueurs qui ne sont aimés que par le public de leurs clubs, mais lui faisait l’unanimité de tous les publics. Il fit se lever un président de la République, Marien Ngouabi, de son fauteuil (…). C’est, à n’en point douter, le plus merveilleux ailier droit produit par le foot congolais. Et souvenons-nous en, l’un des plus éclatants artisans de la mémorable campagne de Yaoundé 1972. Sélectionné dans l’équipe d’Afrique en 1973.
Pour les mordus du ballon rond et du beau football, Jean-Jacques Ndomba ‘’Géomètre’’ est, après Dzabana ‘’Jadot’’, le numéro 10 le plus populaire du Congo. Il s’est forgé une monumentale réputation d’artiste du football et a marqué son temps de ses empreintes ineffaçables. Ayant entamé ensuite une carrière professionnelle à l’Olympique de Marseille, il l’a poursuivie au Puy, à Lyon, à Niort et à Poitiers.
Le basket-ball est avant tout une affaire de grands de taille. Bernard André Mouélé en a été une illustration au Congo dans les années 1970 et 1980. Ce géant de 2,04 m dominant tout le monde était une grande attraction sur les terrains, au sein d’Anges-Noirs, son club, et de l’équipe nationale où il formait un duo du tonnerre avec Maxime Mbochi. C’est peut-être le plus prodigieux pivot de l’histoire du basket-ball congolais. Pendant deux années (1990 et 1991), il fut professionnel au Sfax Ralways Sport de Tunisie.
Le handball a eu aussi son ‘’Tostao’’ en Germaine Ndjimbi. Une des meilleures du continent: technique sans défaut, vitesse d’exécution, rapidité de démarrage. Sa prise de balle et sa passe étaient un spectacle.
Enfin, un karatéka dans cette vague: Nardy Bikoka. Le plus jeune et donc toujours en activité. Deux fois champion d’Afrique dans la catégorie des moins de 71kg, c’est la meilleure performance d’un budoka.
(A suivre)

Guy-Saturnin MAHOUNGOU