Plus les jours passent et plus l’impression devient grande: le Congolais se laisse de plus en plus aller à ses gestes familiers. Dans la rue et dans les quartiers, où les veillées funèbres sonores ont repris, dans les marchés et dans les bus, les taxis, la distanciation est de moins en moins une réalité.
Dans les morgues, la perte d’un tiers devient un prétexte non seulement de contester à tout-va: «Non, notre parent n’avait qu’un problème d’asthme, pas de COVID-19», mais également à nous rapprocher le plus possible des zones d’interdiction, jadis interdites. Nos habitudes, nos coutumes, annihilent la prudence conseillée.
Et, fatalement, le compteur continue d’annoncer le nombre journalier de morts et de contaminations. Quand on pense qu’il y a seulement quelques semaines, nous parlions d’une dizaine de morts seulement pour Brazzaville et Pointe-Noire réunies! Et que le reste du Congo semblait exempt de toute contamination!
La maladie galope, mais elle est loin d’atteindre et de dépasser le train rapide des rueurs et des croyances tenaces. Le coronavirus existe bel et bien, répétons-le. En douter, c’est s’exposer au risque de contamination, la sienne et celle des proches. Il fut un temps où jusqu’aux plateaux de télévision on parlait d’une maladie sans malades, sans visage.
Qui continuerait à persister dans cette cécité se verrait opposer aujourd’hui des dizaines de noms d’hommes et de femmes, certains illustres, qui ont succombé à cette maladie planétaire. Donc, le doute n’est plus permis. Et porter son masque sous le menton, à la bandoulière ou dans sa poche, c’est jouer avec la mort. Reprenons-nous!
A vrai dire, rien n’est plus démobilisant que tous ces faits et gestes autour de nous qui nient l’existence de la maladie. Nos marchés et nos églises étaient promis à la désinfection systématique chaque semaine, le fait-on? Quid de la gratuité des services d’hygiène promise? Ou de celle des masques protecteurs que l’on retrouve en vente libre sur les artères de nos principales villes, sans savoir si elles sont homologuées et efficaces. Au fait, où est passé le COVID Organics, ce breuvage malgache dont on a dit tant de choses?
Doit-on conclure, une fois pour toutes, qu’il peut soigner le Congolais, mais pas les Malgaches, ses inventeurs?

Albert S. MIANZOUKOUTA