A l’occasion du 141è anniversaire de Brazzaville, l’Institut français du Congo (IFC) et ses partenaires organisent une série d’événements autour de Brazzaville et de la rumba congolaise, ponctuée durant trois jours par des films documentaires, des débats animés par des connaisseurs. Mardi 5 octobre 2021, une conférence a eu lieu sur le thème: «Aperçu de l’histoire de la rumba congolaise», avec comme intervenants deux éminents spécialistes de ce style musical: le Pr Joachim Emmanuel Goma-Thethet, historien, président du Comité scientifique de la rumba congolaise sur la liste représentative du patrimoine immatériel de l’humanité, et Charles Bouetoum Kiyindou, historien et musicographe, membre du même Comité, avec pour modérateur Paul Sony Benga.

Le Pr Goma Thethet a fait un bref aperçu de l’histoire de la rumba congolaise des années 1930 jusqu’à 1960.
Définissant ses origines, en se basant sur le dépliant produit par le Comité scientifique, il a relevé que: «La rumba congolaise tire ses origines des traditions musicales congolaises et des apports exogènes. Elle émerge dès les années 1930 à Brazzaville et Léopoldville (actuelle Kinshasa), cités coloniales voisines où s’entremêlent les traditions musicales de diverses communautés. Après avoir conquis le monde à partir de 1932, la Rumba cubaine est revenue en Afrique, portée par la musique caribéenne, avec les voix des chanteurs métropolitains. Les entreprises d’édition phonographiques s’installent opportunément à Léopoldville entre 1946 et 1956. Plusieurs formations musicales, dès lors, prennent successivement leur envol et assurent l’affirmation de la rumba congolaise comme identité artistique du Congo, envahissant ainsi toute l’Afrique lors des indépendances de nombreux pays africains…Actuellement, la Rumba congolaise, demeure un art populaire majeur dont l’originalité n’est contestée nullement au milieu d’autres courants musicaux.»
Parlant des traditions musicales qui ont permis à la rumba d’émerger en tant que patrimoine identitaire des deux Congo, il a fait observer que la rumba congolaise puise à plusieurs sources: «La musique traditionnelle; les apports de la culture coloniale; les rythmes et danses de l’Afrique de l’Ouest; les rythmes et danses des Caraïbes, des Etats-Unis et d’Amérique, et notamment le jazz. Cette musique est née de la collision de plusieurs sonorités pour donner celle qui a aujourd’hui son originalité. Les pionniers de cette musique on les trouve à Brazzaville, comme à Léopoldville. L’évolution de la musique congolaise va être liée jusqu’en 1960 à un certain nombre de choses: la professionnalisation des musiciens; les maisons d’édition…»
Au moment des indépendances, a-t-il conclu, la rumba congolaise a déjà ses lettres de noblesse. Elle est connue à travers l’Afrique et le monde.
En 1960, Joseph Kabasele et les Bantous vont porter cette musique qui va s’implanter partout à travers l’Afrique.
A propos de ‘’La rumba congolaise des indépendances africaines à nos jours’’, Bouetoum Kiyindou a rappelé que des indépendances à nos jours, il y a quatre lignes forces: l’expansion de la rumba congolaise au-delà de son foyer originel: Brazzaville et Kinshasa. Dans ce tracé, il y a aussi l’évolution des tendances artistiques.
La rumba congolaise a aussi ‘’satellisé’’ d’autres musiques, avant qu’elles ne prennent leur envol. La chanson ‘’Indépendance cha cha’’ de l’African Jazz, a-t-il expliqué, est le détonateur du rayonnement de la rumba congolaise en Afrique et ailleurs. Le destin panafricain de la rumba congolaise est sous-tendue par la production discographique, les médias, etc.
A ces tableaux, il faut ajouter les tournées des orchestres en Afrique, en Europe.
Au milieu des années 60, la rumba passe sur un mode plus rapide…Puis survint, au milieu de ses mêmes années, la rumba saccadée, maintenue jusqu’à ce jour par des nouvelles générations grâce à l’animation, malgré la présence d’autres courants musicaux…
L’assistance a eu droit au vernissage et à une incroyable exposition aussi distrayante qu’instructive par Désiré Kinzenguelé, Nicolas Bissi et le Collectif Biso na Biso. Une véritable lecture originelle du patrimoine congolais, pour éclairer les Brazzavillois sur leur histoire, leur passé et leurs origines.
A travers cette exposition qui se poursuit jusqu’à la fin de ce mois, a dit le nouveau directeur de l’IFC qu’entouraient le vice-maire de Brazzaville, Guy Marius Okana, et le premier conseiller de l’ambassade de France, «il est démontré que la rumba est bel et bien vivante encore aujourd’hui».
Côté jardin, l’orchestre Bana Poto-Poto et les sapeurs ont égayé l’assistance.

Alain-Patrick
MASSAMBA