Une équipe du Fonds monétaire international (FMI) dirigée par Mme Pritha Mitra, cheffe de mission pour la République du Congo, a effectué des missions virtuelles au Congo pour discuter avec les autorités du pays. La première mission a eu lieu du 7 au 15 octobre 2021 et la deuxième le 4 novembre 2021. Selon le communiqué publié le 8 novembre dernier, les rapports de ces missions contiennent des déclarations des services du FMI qui ne correspondent pas nécessairement à celles du Conseil d’administration de l’institution.

Les conclusions préliminaires permettent d’établir un rapport sous réserve d’approbation de la direction qui sera présenté au Conseil d’administration prévu pour le mois de décembre prochain pour examen et décision. D’ores et déjà, l’équipe du FMI serait parvenue à un accord au niveau des services avec les autorités du Congo sur un programme de trois ans qui pourrait être appuyé par un octroi de crédit au titre de la facilité élargie de crédit d’un montant de 324 millions de DTS ou 456 millions de dollars américains, soit 232 milliards de francs Cfa. Ce montant correspond presque au précédent programme de trois ans conclu en 2019, qui a connu des difficultés d’exécution et qui était de 448,6 millions de dollars, soit un plus de 227 milliards de francs Cfa. L’unique tranche décaissée et reçue par le Congo était de 44 millions de dollars américains, soit 26,5 milliards de francs Cfa.
Une fois ce nouveau financement obtenu le Congo serait à même de maintenir sa stabilité macroéconomique et impulser une reprise économique dans le contexte de la pandémie et, dans les années à venir, favoriser une croissance plus élevée, plus résiliente et inclusive. Le communiqué a précisé que l’avancement des réformes en matière de gouvernance, de transparence et de lutte contre la corruption sera essentiel pour améliorer l’efficacité des dépenses publiques, l’environnement des affaires et la confiance économique. La politique budgétaire jouera aussi un rôle central dans le renforcement de la reprise économique, tout en contenant les risques et en maintenant la viabilité de la dette. Il sera également essentiel de donner la priorité aux dépenses sociales et d’infrastructures telles que reprises dans le Plan national de développement (PND) 2022-2026. Les services du FMI ont reconnu qu’après avoir été durement touchée par la pandémie de COVID-19 et les chocs des prix du pétrole, l’activité économique redémarre lentement avec une croissance du PIB réel qui devrait passer de moins 0,2 % en 2021 à 2,4 % en 2022. Cette reprise devrait être stimulée par la hausse des prix du pétrole, le rebond de la production pétrolière du Congo, le déploiement des vaccins, les dépenses sociales, le remboursement des arriérés intérieurs, l’expansion de l’agriculture, de l’exploitation minière et des services. Les services du Fonds monétaire international ajoutent que les perspectives sont entourées d’une incertitude importante avec des risques de nouvelles vagues de pandémie et de volatilité des prix du pétrole. La mobilisation des recettes et la réduction des dépenses non prioritaires soutiendront les objectifs du programme tout en permettant l’assainissement budgétaire progressif nécessaire pour renforcer la soutenabilité de la dette. Dans ce contexte, a suggéré le personnel du FMI, il serait approprié de cibler un déficit primaire non pétrolier de 15,5 % du PIB non pétrolier dans le budget exercice 2022. L’amélioration des recettes facilitera l’augmentation de l’assistance sociale et des dépenses d’investissement indispensables tout en réduisant le déficit primaire hors pétrole de 1,7 % du PIB hors pétrole par rapport à son niveau de 2021.
Pour y parvenir, il sera important d’augmenter le recouvrement des arriérés d’impôts, de réduire les exonérations fiscales et douanières, et de poursuivre fermement les réformes engagées en matière de politique et d’administration fiscale, ainsi que la réduction des transferts aux entreprises publiques. A moyen terme, ces efforts budgétaires devraient être soutenus par une révision du régime fiscal dans le secteur pétrolier, une suppression plus importante des exonérations de la TVA et une rationalisation des autres dépenses fiscales, une amélioration des pratiques de passation des marchés et une gestion plus efficace des investissements publics.
Les services du FMI indiquent que la dette publique est projetée à 94 % du PIB à la fin de 2021; celle-ci est soutenable, mais des vulnérabilités importantes persistent. Les principaux sont les risques de liquidité et les vulnérabilités liées aux chocs négatifs sur les prix du pétrole. La finalisation rapide de l’audit des arriérés intérieurs accumulés au cours de 2019-2020 et la communication claire de tout nouveau plan de remboursement des arriérés intérieurs seront essentielles. Pour l’accomplissement du programme à bon escient, les mesures prévues comprennent, entre autres, le dépôt au Parlement de la nouvelle loi anti-corruption, l’audit et la publication des informations relatives à la production pétrolière et aux revenus pétroliers effectivement perçus par le Gouvernement, ainsi que le renforcement de la gestion des finances publiques par l’audit des dépenses liées à la pandémie ainsi que l’adoption d’un contrôle et d’une transparence accrus des dépenses publiques et le recouvrement des recettes pétrolières et non pétrolières. Les services du Fonds ont estimé qu’un plus grand soutien des partenaires au développement sera nécessaire à la réussite de la mise en œuvre de la stratégie économique et structurelle du Congo.

Philippe BANZ