La cherté des prix des denrées alimentaires est au cœur de toutes les conversations. La ménagère part au marché et en revient que son pécule a fondu sans que les denrées ramenées ne soient pas en proportion de ce qu’elle s’est habituée à ramener ces derniers jours. La parade? Le Gouvernement vient de lancer un vigoureux plan de résilience qui prend en compte les secteurs producteurs ainsi que les goulots d’étranglement qui entravent la production locale.

La vie chère dans notre pays est un phénomène qui s’explique aussi bien par des facteurs exogènes (pandémie à COVID-19, guerre en Ukraine, sécheresse, fret maritime…) que par des facteurs endogènes notamment, la faiblesse de l’offre intérieure due surtout à la désarticulation de l’appareil productif», note le Gouvernement.
Son analyse entend tenir un langage de vérité en direction des populations. «Plusieurs signes montrent que la situation ne va pas aller en s’améliorant dans les prochains mois. Aussi, pour éviter une crise alimentaire sévère à notre population, il est urgent de mettre en place un plan de résilience».
«Ce plan de résilience aura pour objectif, à court terme, de maintenir un bon niveau d’approvisionnement en denrées alimentaires de base et de stabiliser les prix. A moyen terme, sans préjudice du Plan national de développement (PND – 2022-2026) dont dispose le Congo, le plan de résilience aura pour objectif, en parant au plus pressé, de réaliser des actions à effet immédiat dans les secteurs agro-pastoral et halieutique dans 12 mois».
Un plan coup de poing
La conjoncture qui s’en est mêlée a brouillé les lignes claires du Plan national de développement (PND 2022-2026) qui lui aussi vise à l’amélioration des secteurs clés de l’économie, est entendu comme de portée structurelle. Or le plan de résilience en cours de lancement est conjoncturel. «C’est, affirme le Gouvernement, une opération coup-de-poing», une réaction à une situation difficile de la crise mondiale qu’il espère de courte durée.
Sur le plan administratif, le plan de résilience vise à créer et alimenter le fonds de résilience.
Sur le plan fiscal, il s’agira essentiellement de réduire le coût des transports des marchandises, d’interdire l’exportation des produits de première nécessité concernés par la défiscalisation.
Sur le plan des approvisionnements, l’objectif est de constituer des stocks de sécurité en produits alimentaires de base pour les 12 mois à venir; privilégier les stocks des produits à forte consommation chez les Congolais: le blé tendre pour le pain, l’huile végétale, le riz, la viande porcine, la viande bovine, la volaille et le poisson de mer congelé.
Sans préjudice du Plan National de Développement (PND 2022–2026), le plan de résilience aurait pour vocation de parer au plus pressé, compte tenu de la crise alimentaire qui menace le pays, pour réaliser des actions dans le secteur agro-pastoral et halieutique dans les 12 mois, durée supposée de la période de crise mondiale des matières premières alimentaires.
Le plan de résilience du Gouvernement entend s’assurer la solidité et la disponibilité des moyens du succès. Il part sur la base d’un budget de plus de 146 milliards: sur instruction du Président de la République, un collectif budgétaire sera fait à la prochaine session parlementaire. Les ressources de résilience seront financées par le fonds de résilience et les ressources additionnelles de l’Etat; la dépense fiscale venant des avantages accordés aux entreprises (par exemple, la prise en charge par l’Etat, pendant les 12 mois du plan, de tout ou partie des taxes de péages), la contribution des partenaires au développement.
Les experts pluridisciplinaires provenant de divers départements ministériels qui ont travaillé au sein du Secrétariat technique que supervise le ministre d’Etat Claude Alphonse N’Silou, estiment avoir mis toutes les chances du bon côté pour la réussite de ce plan qui aboutira à la résorption d’une partie des problèmes de la population. Donc, 145.799.000.000 F. CFA ne seront pas de trop pour une situation qui a pris tout le monde de court. «Les stocks s’épuisent à l’international. Le temps nous manque. Le risque social est trop élevé pour hésiter», soutiennent-ils. Du reste, beaucoup de pays, dont la France, ont mis sur pied un plan de riposte à la crise actuelle pour conformer la colonne vertébrale de leurs économies.
De l’argent va être disponibilisé pour soutenir plus particulièrement les denrées comme le blé tendre, le riz, l’huile de palme et végétale, la viande de bœuf, la viande de porc, la volaille et le poisson de mer.
Le ministre d’Etat insiste pour approche qui mette loin des individus les sommes à disponibiliser. Elles doivent transiter par les banques et ne faire l’objet d’aucune tractation qui limite la portée de ces mesures.

Extrait du communiqué final du Conseil des ministres

Ainsi, l’Etat est appelé à organiser cette mobilisation. Dans cette optique, les grandes lignes du Plan de résilience telles qu’entérinées ce jour par le Conseil des Ministres sont les suivantes :

– Promouvoir une politique de substitution aux importations en encourageant le développement de la production locale pour les produits de base (huile végétale, farine, volaille, viandes bovine et porcine, développement des intrants agricoles, etc.) ;

– Faciliter le transport des produits agricoles depuis leur bassin de production vers les centres de consommation, grâce à la réhabilitation des voies de transport routier, du ferroviaire via le CFCO, ainsi qu’une facilitation du transport fluvial ;

– Fixer par voie réglementaire une liste des produits alimentaires et agricoles essentiels, qui devront faire l’objet du soutien de l’Etat ;

– Mobiliser les banques locales, qui seront appelées à échanger avec le Gouvernement lors d’une table-ronde dédiée, afin de mettre en place un système de facilitation et d’octroi de crédits bonifiés aux producteurs, avec l’aide et le soutien de l’Etat ;

– Mettre en place dans les meilleurs délais un Guichet en faveur des producteurs agricoles concernés, afin de les identifier et de faciliter leur soutien;

– Appliquer avec énergie et pragmatisme toutes les mesures administratives, fiscales et parafiscales existantes, afin de faciliter la politique nationale de dynamisation de l’offre alimentaire et agricole nationale ;
Pour répondre à ces besoins non prévus lors de l’adoption de la loi de finances initiale, le Conseil des Ministres a décidé du principe de la présentation, dans les meilleurs délais, d’une loi de finances rectificative afin de prendre en compte la nécessité de mobiliser les ressources financières additionnelles nécessaires à la réussite du plan de résilience.