Le football féminin africain va entrer dans une nouvelle ère avec l’élaboration par la CAF d’une stratégie visant à soutenir ce football et «façonner» son avenir sur le continent. Première innovation attendue: le lancement en 2021 de la Ligue africaine des clubs champions.
Même en temps de crise sanitaire, la Confédération africaine de football (Caf) ne dort pas. Elle a saisi cette période pour impulser une nouvelle dynamique à la pratique de la discipline particulièrement chez la gent féminine. Ses dirigeants ont élaboré et fait approuver une stratégie visant à soutenir le football féminin et «façonner» son avenir.
Il s’agit d’un plan quadriennal qui s’étend sur une période initiale de quatre ans (2020-2023). Cette feuille de route, soutient un communiqué de l’instance dirigeante du ballon rond, «réitère l’engagement de la Caf à développer le football féminin à tous les niveaux vers de nouveaux sommets». Sa stratégie repose sur cinq piliers principaux: le développement, les compétitions, le marketing et la promotion, la professionnalisation et le leadership ainsi que l’impact social.
Dans le premier volet, la CAF entend «accélérer la croissance du football féminin à tous les niveaux, partout en Afrique». Pour cela, elle compte multiplier les opportunités de jeu pour les femmes et les filles, et offrir des possibilités de formation accrues et améliorées pour le personnel technique impliqué dans le football féminin. Il s’agira aussi de relier les cours de renforcement des capacités aux programmes de développement et compétitions.
La CAF veut également accroître le nombre de compétitions féminines pour les clubs, «compte tenu du fait que les compétitions sont les plus grands moteurs du développement du football». C’est dans cette logique que le Comité exécutif avait annoncé, en fin juin dernier, le lancement de la première compétition inter-clubs dédiée aux femmes, la Ligue des champions féminine. La première édition se déroulera dès l’année prochaine.
A propos de la stratégie marketing et promotion, les dirigeants ambitionnent de créer une marque de football féminin «forte et fédératrice». Celle-ci doit «tirer parti des valeurs africaines et ayant un attrait régional et mondial, tout en étant alimentée par l’esprit de famille, de passion et de culture».
Quant au volet professionnalisation et leadership, la CAF insiste sur la durabilité des efforts en faveur du développement du football féminin. Pour cela, elle compte s’appuyer sur une «collaboration avec les parties prenantes pour professionnaliser les structures entourant le football féminin sur et en dehors du terrain et augmenter le nombre d’administratrices».
Toutes ces actions devraient, à terme, créer un «impact social positif» sur les femmes et les filles africaines, grâce au pouvoir du football. Par ailleurs, le football devra être utilisé comme «outil pour éduquer les jeunes filles, autonomiser et encourager la participation».
Le symposium de mars 2018 à Marrakech (Maroc) a constitué un tournant dans le processus de la mise en mouvement d’un nouvel élan du football féminin africain. Il avait pour objectif de réfléchir et tracer une nouvelle voie pour le développement de ce football. C’est de cette rencontre d’ailleurs qu’est née l’idée de la création d’un département de football féminin à la Caf. Le 23 juillet 2020, deux ans après le symposium de Marrakech, marquera l’avènement d’une nouvelle ère du football féminin sur le continent.
Ce qui fait dire au président de la Confédération africaine de football que c’est «un jour historique». «Le lancement de la stratégie du football féminin de la Caf, affirme Ahmad Ahmad, est conforme à notre engagement à donner de l’espoir aux jeunes du continent et à développer le football féminin à tous les niveaux».
Pour sa part, la présidente de la Commission d’organisation du football féminin, Isha Johansen, s’est réjouie de l’aboutissement d’un processus qui a démarré il y a deux ans. Selon la présidente de la Fédération sierra-léonaise de football, la feuille de route établie «améliorera le développement du football féminin sur le continent dans tous les domaines et à tous les niveaux: leadership, gouvernance, technique, éducation, partenariats stratégiques et base».

Jean ZENGABIO