Le Grand séminaire Cardinal Emile Biayenda qui existe depuis vers 1945 a accueilli cette année un nouveau cours intitulé: Cours de la langue des signes américains et d’Initiation à la pastorale des sourds: ASL-IPS, pour les grands séminaristes de la 3e année et 4e année de théologie. Ce cours est historique parce que c’est pour la première fois que le Grand séminaire en général et le cycle de théologie en particulier a adopté un tel cours dans le cadre du renforcement des compétences et d’élargissement de la vision pastorale des futurs prêtres. Le cours est dispensé par l’abbé Chéret Ghislain Bazikila, prêtre sourd formé au Grand séminaire Saint Patrick aux Etats Unis d’Amérique (EU) et qui depuis son ordination sacerdotale en juin 2001 a exercé à plein temps la pastorale des sourds en Amérique.

Son désir d’introduire ce cours au programme pastoral du Grand séminaire était au préalable exprimé favorablement auprès des évêques du Congo lors de la Session pastorale de juin 2020 au CIO, afin d’accompagner les séminaristes dans l’apprentissage de la langue des signes américains et de partager avec eux les réalités pastorales des fraternités catholiques paroissiales des sourds.
Au cours de cette année académique du Grand séminaire Cardinal Emile Biayenda, ce cours a débuté en novembre 2020 et prendra fin en juin 2021. Effectifs 23 séminaristes de la 4e année apprennent la langue des signes sur 7 diocèses du Congo et 1 diocèse au Gabon, en plus la Congrégation des Trinitaires. Et 22 séminaristes de la 3e année sur 6 diocèses du Congo. Ceux-ci font la première promotion bénéficiant de ce cours. La langue des signes amène à l’amour visible. C’est ainsi que les apprenants deviendront des prédicateurs, aumôniers et des amis visibles aux yeux des paroissiens sourds. La langue des signes ne peut jamais se confondre avec les gestes. Les signes sont plus que ça.

Abbé Chéret Ghislain BAZIKILA,
Enseignant ASL, vicaire à Saint Pierre Claver de Bacongo.

… Ils ont dit: …

Grâce Charel Bitsoumanou, séminariste en 4e année de théologie: «Dans un monde où les besoins de l’homme moderne s’accroissent, et où la science et la technique font et poursuivent leur chemin, l’homme semble ne plus être au centre des priorités et préoccupations. Ainsi, une des découvertes importantes que puisse faire serait, à mon avis, les rencontres et le développement de la langue des signes de nos frères et sœurs en humanité, les sourds. Depuis longtemps, voire toujours, les sourds dans notre pays et nos diocèses sont (seraient) relégués au second plan (ou aune seconde boutique) et leur dignité baguée par ceux qui semblent, parait-il, être «des personnes normales.» En effet, tout le monde est normal. Les sourds sont des personnes comme tous, des personnes pleines, bien que dépourvus du langage vocal.
Par ailleurs, nous avons eu cette année académique de la chance et la grâce de faire la rencontre et la connaissance de la langue des signes. Oui, c’est une grâce dans la mesure où nous découvrons autrement la condition des sourds, leur dignité et leur vécu.
Au début de ce cours ou de cet apprentissage, le mépris, le manque d’intérêt, semblait gagner les cœurs et consciences des gens, simplement par rapport aux préjugés, de tout ce que chacun sait (par lui-même) sur les sourds.»
Hindrix Maboto, du diocèse de Nkayi, séminariste en 4e année de théologie: «En tant que futur prêtre appelé à annoncer l’Evangile a tous les hommes sans exception aucune, je me réjouis de l’insertion dans le programme d’études du Grand Séminaire du cours sur la langue des signes américains. C’est un cours fondamental, parce qu’il m’habitue à entrer en communication avec les sourds muets, afin de saisir leurs besoins, soucis et aspirations profondes. La pastorale des sourds muets, en effet, n’est pas encore très bien exploitée dans nos différents diocèses. Travailler pour la valorisation de ce secteur serait quelque chose de bien.»

Propos recueillis par
l’abbé Chéret Ghislain
BAZIKILA