La Conférence épiscopale du compte depuis Dimanche un nouvel évêque. Dans la ferveur et la communion, Mgr Daniel Frank Nzika a été installé sur sa cathèdre d’Impfondo, devant une foule de fidèles en liesse. Il est souriant. Il est jeune: fasse Dieu que cette candeur ne s’efface pas de si tôt. Elle fait plaisir à voir, parce qu’elle est annonciatrice d’une bouffée d’air dans notre Eglise. Ferveur et communion Dimanche à la cathédrale Saint Paul d’Impfondo.
Ferveur, parce que la foule des fidèles convoyés là par pirogue, par bus ou par avion dans un département qui reste malgré tout enclavé, a participé de toutes les manières à l’accueil, orant et recueilli, multicolore et polyphonique du nouvel évêque. Chants exécutés par une chorale dynamique, puisés au répertoire local et national comme il est de raison et de tradition. Ferveur dans la chorégraphie de ces jeunes enfants tout de blanc vêtues, une chorégraphie expressive mais contenue.
Communion, parce que la cérémonie de Dimanche a été à la jonction de tous les symboles et de toutes les espérances. Le Gouvernement et l’Etat y étaient représentés par le ministre Gilbert Mokoki (ZES), le Préfet Gilbert Djombo Bomondjo et le député d’opposition Joseph Kignoumbi Kia-Mboungou. Les chefs coutumiers sont venus prodiguer leurs conseils et exprimer leurs doléances; plus de dialogue avec l’Eglise, plus d’églises dans les villages. Communion aussi entre l’évêque sortant et le nouveau, l’un ayant transmis la pagaie (de la foi) à l’autre.
Dans la forêt dense de la Likouala, le bois n’est pas ce qui manque. D’en avoir fait un instrument de transmission de la foi a été un symbole fort. Un des chants de la chorale, devenu un «tube» national, s’intitule précisément «Louka nkaï ya boyambi»: souque fort avec la pagaie de la foi. Il a été composé ici, dans cette paroisse-cathédrale ouverte à la berge de l’Oubangui juste en contrebas.
Il n’y avait pas endroit plus majestueux; de circonstance plus appropriée que lors du sacre de Mgr Nzika dans cette cour de la cathédrale Saint-Paul pour l’exécuter et faire bouger les foules. La pagaie va plonger dans l’eau pour continuer de mener la foi reçue vers les populations qui doivent encore recevoir la lumière du salut en Jésus Christ. Les eaux continuent de couler, les porteurs de foi continuent de sillonner ruisseaux et rivières pour gagner le cœur des contrées enclavées.
Nous avons célébré un de ces événements de joie que l’on aurait aimé voir se répéter souvent: moment où un Etat aujourd’hui libre de croire et une Eglise qui ne se pense pas en rebelle se penchent ensemble sur le bien-être de l’homme qu’ils sont appelés à servir au nom de la conviction citoyenne et de la foi qui les animent. Le nouvel évêque a promis de garder sa porte ouverte à tous: cet épiscopat-là ne pouvait commencer sous de meilleurs auspices. Confions-le résolument à Dieu.

Albert S. MIANZOUKOUTA