L’Ambassade de France au Congo a organisé le vendredi 28 février 2020, une cérémonie de dépôts de gerbes de fleurs au pied de la stèle érigée en mémoire de Félix Eboué, Gouverneur général de l’Afrique équatoriale française (AEF), située à l’entrée principale du stade qui porte son nom, à Poto-Poto (Brazzaville). Pour la circonstance, François Barateau, ambassadeur de France, avait à ses côtés Charles-Richard Mondjo, ministre de la Défense nationale.

Ils ont accompli ce geste, immédiatement suivi de l’exécution des hymnes nationaux de la France et du Congo par la Musique principale des Forces armées congolaises.

Cette cérémonie a aussi connu la participation de Dieudonné Moyongo, ministre de la Culture et des arts, des diplomates, du Préfet de Brazzaville, Pierre Cébert Iboko-Onanga, de l’administrateur-maire de Poto-Poto Jacques Elion, du colonel Pierre Obou, directeur de l’Office national des anciens combattants, et des autorités civiles et militaires.
Alors que l’année 2020 sera marquée par de nombreuses commémorations des grands moments de l’histoire partagée entre la France et le Congo, cette cérémonie d’hommage à Félix Eboué (né le 26 décembre 1884 à Cayenne Guyane Française, et décédé au Caire en Egypte en 1944) témoigne de la reconnaissance des deux pays pour l’action du visionnaire humaniste qu’il fut, et ce, également à l’occasion de la date anniversaire de la fin de son administration. Elle s’est inscrite aussi dans la perspective de la célébration de l’Année De Gaulle à Brazzaville qui connaîtra l’organisation d’une série d’événements pour lui rendre hommage, et au rôle qu’il a joué à Brazzaville.
Cette année 2020, a dit l’ambassadeur François Barateau, sera une grande année de mémoire partagée entre le Congo et la France autour de la personnalité forte du général De Gaulle, mais aussi d’autres personnalités. «Au nombre desquelles, Félix Eboué qui est un personnage central de cette histoire entre nos deux pays. Nous avons trouvé normal de débuter cette année en rendant hommage à Félix Eboué qui est pour la République française un exemple d’ascension sociale, malgré toutes les adversités. Il a donné le signal du relèvement de la France, et en outre, il avait quitté Brazzaville en février 1944 pour revenir vers la France, mais malheureusement, il est mort en chemin».
Devant la menace d’un conflit mondial, faut-il le rappeler, Félix Eboué est nommé gouverneur du Tchad avec pour mission d’assurer la protection de la voie stratégique vers le Congo. Dès le 18 juin 1940, il se déclare parmi les premiers partisans du général De Gaulle dont il entend l’appel à la radio. Le 26 août 1940, il proclame avec le colonel Pierre Marchand, commandant militaire du territoire, le ralliement officiel du Tchad à la France libre, donnant ainsi le «signal du redressement de l’Empire tout entier» et conférant une légitimité politique à cette vision jusqu’alors dépourvue de tout territoire. Il est aussi premier parmi les chefs coloniaux à refuser l’armistice, entraînant ainsi dans la Résistance toute l’Afrique équatoriale et le Cameroun.
Après avoir reçu le général De Gaulle à Fort-Lamy (actuel Ndjamena) le 15 octobre 1940, Félix Eboué est nommé le 12 novembre gouverneur général de l’AEF. En janvier 1941, il est ainsi l’un des cinq premiers français décorés par le général de la Croix de la libération et nommé membre du Conseil de l’Ordre de la Libération. A la même époque, il libère les chefs africains incarcérés et commence à définir les grandes lignes d’une politique indigène en AEF qui devra s’appuyer sur les élites locales, maintenir et développer les structures sociales déjà existantes et améliorer les conditions de travail tout en favorisant le développement économique. Il soutient ainsi en priorité la poussée des Forces françaises libres (FFL) combattant en Afrique du Nord. Il transforme ainsi l’AEF en une véritable plaque tournante géostratégique dont Brazzaville est le cœur et d’où partent les premières Forces armées de la France libre, conduites par les généraux De Larminat, Koenig et Leclerc. Il organise une armée de 40.000 hommes et accélère la production de guerre, il peut enfin appliquer la «Politique indigène» qu’il a eu le temps de mûrir au cours de sa prestigieuse carrière. Du 30 janvier au 8 février 1944, Félix Eboué participe activement à la Conférence de Brazzaville ouverte par le général De Gaulle sur la question coloniale. Il y voit son étude sur la Nouvelle politique indigène et l’assimilation reprise et adaptée avec succès. Cette conférence signera la fin de son séjour à Brazzaville car, accablé de fatigue et désireux de rejoindre sa terre natale, il quitte Brazzaville le 16 février 1944 via Kinshasa puis la Syrie. Il décède quelques mois plus tard…

Alain-Patrick
MASSAMBA & Shara Déo-Gracias BOUKA (Stagiaire)