Pour résoudre la question des 46 militaires ivoiriens détenus au Mali, deux chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avaient été dépêchés jeudi 29 septembre 2022 à Bamako. Il s’agit des présidents Adama Barrow de Gambie et Nana Akufo Addo du Ghana.

Ils étaient accompagnés par Robert Dussey, ministre togolais des Affaires étrangères, représentant le président Faure Gnassingbé, médiateur désigné dans l’affaire des militaires ivoiriens. Ils ont échangé au palais présidentiel de Koulouba avec le colonel Assimi Goita, Président de la transition malienne.
Pour le chercheur Aly Tounkara, «la venue de ces chefs d’Etat de la CEDEAO pourrait être saisie par l’élite militaire au pouvoir au Mali comme une sorte d’aubaine pour réitérer les positions et les modalités de collaboration que le Mali attend désormais avoir avec les pays voisins et même les organisations nationales et sous-régionales en l’occurrence la CEDEAO». Précisant: «C’est une occasion pour l’élite militaire au pouvoir de se légitimer davantage vis-à-vis de ces chefs d’Etat».
D’après Alexis Kalembry du journal Mali Tribunes, la solution politique pourrait désormais prendre le pas sur l’action judiciaire enclenchée par les autorités de transition malienne.
A la veille de cette visite des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO à Bamako, mercredi 28 septembre, le président ivoirien Alassane Ouattara avait envoyé une délégation conduite par Aly Coulibaly, ministre conseiller spécial chez le chérif de Nioro du Sahel, un influent chef religieux au Mali.
Le politologue ivoirien Arthur Banga a expliqué les enjeux de la résolution de cette affaire qui pourrait avoir des conséquences sur le terrain politique. Il est important que cette affaire soit gérée pour Alassane Ouattara, sinon la contestation, les oppositions certaines oppositions peuvent se saisir de la question de politique interne et de débat.
La mission de la CEDEAO était censée retourner à Bamako, jeudi suivant. La junte malienne a prévenu avant de recevoir la mission qu’elle ne se laisserait pas imposer une solution. En début de semaine, Abdoulaye Diop, ministre malien des Affaires étrangères, a souligné: «Nous avons dit depuis le début que tout ce que le Mali veut c’est chercher les voies et moyens pour trouver un terrain d’entente entre le Mali et la Côte d’Ivoire. Mais, si c’est pour imposer des décisions au Mali, cela ne passera pas», a-t-il prévenu.

Alain-Patrick MASSAMBA